CHROME
Le chrome (symbole Cr, numéro atomique 24) est un métal placé en tête de la colonne VIa de la classification périodique ; il appartient donc à la première famille des éléments de transition. Il a de nombreuses analogies avec le molybdène, le tungstène et l'uranium et quelques analogies avec des éléments de la colonne VIb, en particulier le soufre et le sélénium au degré d'oxydation 6.
Le chrome naturel, de masse atomique 51,996, renferme les isotopes 50 (4,31 p. 100), 52 (83,76 p. 100), 53 (9,55 p. 100) et 54 (2,38 p. 100) non radioactifs.
Tout au long du xixe siècle, le chrome, caractérisé dans ses minerais et isolé par Vauquelin dès 1798, demeura une curiosité de laboratoire, tandis que ses composés : Cr2O3, sels de chrome (III), chromates et bichromates prenaient une importance industrielle croissante. Mais lorsque, par aluminothermie, Goldschmidt eut préparé le métal lui-même, le chrome ne tarda pas à jouer, au xxe siècle, un rôle essentiel dans la métallurgie des aciers spéciaux et des aciers inoxydables et dans celle des alliages pour résistances électriques ; la découverte des Stellites qui conservent toutes leurs propriétés mécaniques à des températures élevées donna un nouvel essor à cette métallurgie. Il ne faut pas oublier la mise au point du chromage des métaux et alliages ; non seulement le chrome assure dans ce cas une protection très efficace contre la corrosion, mais encore il communique aux surfaces ainsi traitées un caractère esthétique.
Les grands producteurs de minerai de chrome sont le Zimbabwe, l'ex-Union soviétique, l'Afrique du Sud et la Turquie.
Historique
C'est en 1798 que Vauquelin isola le chrome métallique, sous forme d'une poudre grise, à partir de la crocoïte ou « plomb rouge », minerai de couleur orange, découvert en Sibérie. Il prépara d'abord l'acide chromique, puis l'oxyde Cr2O3 qui donnait, avec le borax, des perles vert émeraude. Frappé par les colorations vives des dérivés de ce nouveau métal, Vauquelin proposa le nom de chrome, du grec χρ̃ωμα qui signifie couleur.
Kurtz installa, en 1816, à Londres, et en 1822, à Manchester les premières usines préparant des colorants minéraux à base de chrome ; en 1818, Zuber créa, en France, la première fabrique de jaune et de vert de chrome pour papiers peints ; en 1820, en Allemagne, Köchlin utilisa le bichromate de potassium pour préparer le rouge turc et développa son emploi comme mordant dans la teinture de la laine et du coton.
Aux États-Unis, à partir de 1827, Isaac Tyson découvrit de nombreux gisements de chromite (le meilleur minerai), et développa l'industrie des bichromates et de leurs applications.
En 1844, Péligot publia des travaux importants sur les sels de chrome et, dix ans plus tard, Bunsen prépara le métal par électrolyse du chlorure de chrome (II).
À partir de 1884, Schultz puis, en 1893, Dennis mirent au point le tannage des peaux par les composés basiques du chrome, procédé préconisé par Knapp dès 1858.
À la fin du xixe siècle, l'industrie des colorants issus du goudron de houille ouvrit de nouveaux débouchés aux bichromates alcalins.
À partir de 1879, la chromite fut utilisée comme réfractaire pour les fours métallurgiques à sole basique, servant à fabriquer les aciers par le procédé Thomas et Gilchrist. En 1893, Moissan mit au point la réduction de l'oxyde de chrome par le charbon au four électrique et, en 1898, Goldschmidt découvrit la réduction aluminothermique de cet oxyde qui seule permit de préparer de grandes quantités de chrome pur.
À partir de 1907-1908, les industries des ferrochromes et des nichromes et, à partir de 1914, celle des Stellites (alliages à base de cobalt et de chrome) se développèrent et leur importance ne cesse de croître.
Enfin, le chromage des métaux, soit par électrolyse, soit par décomposition d'halogénures de chrome (II)[...]
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Écrit par
- Jean AMIEL : ancien élève de l'École nationale supérieure de physique et de chimie de Paris, agrégé de physique, professeur honoraire de chimie générale à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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Médias
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