CHROMOSOME, notion de
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Théorie chromosomique de l'hérédité
Cette notion de gène était au départ très abstraite. Mais, d'après ce que l'on savait des chromosomes, il semblait y avoir un parallélisme frappant entre leur transmission et celle des gènes. D'où l'idée que les gènes devaient être localisés sur les chromosomes : c'est la théorie chromosomique de l'hérédité. Exprimée notamment par James Sutton en 1902, elle allait se heurter à des oppositions, mais devait progresser sans cesse.
Au départ, Thomas Hunt Morgan, embryologiste américain, était réticent. C'est la preuve d'un lien précis entre le sexe et les chromosomes qui contribua à le convaincre. On savait depuis plusieurs années que, chez certains organismes, l'une des paires de chromosomes avait un caractère particulier, ses deux éléments étant assez dissemblables chez les mâles (on parle de chromosomes X et Y) alors que les femelles ont une paire de X. Dès lors, la détermination du sexe semblait bien liée aux chromosomes : lors de la méiose des mâles, il se forme 50 p. 100 de spermatozoïdes ayant un X, 50 p. 100 ayant un Y, alors que les ovules ont toujours un X : une moitié des œufs ainsi produits contient donc la paire XY (mâles), l'autre la paire XX (femelles), ce qui est en accord avec les proportions moyennes observées. Par ailleurs, comme le montra Morgan grâce à ses expériences sur la drosophile, certains caractères (comme la couleur des yeux) apparaissaient clairement liés au sexe, c'est-à-dire qu'ils pouvaient être interprétés comme étant déterminés par des gènes situés sur les chromosomes sexuels (le X en général).
Désormais acquis à la théorie chromosomique de l'hérédité, Morgan et ses collaborateurs entreprirent des croisements à grande échelle chez la drosophile et participèrent à la construction de la génétique. Ils constatèrent notamment que, chez la drosophile, existaient autant de groupes de liaison intergénique que de chromosomes distincts dans les cellules sexuelles. Toutefois, lors de la méiose, les deux chromosomes d'une même paire peuvent échanger des fragments (c'est le phénomène de crossing-over, observé dès 1905), de sorte que des gènes situés sur un même chromosome peuvent tout de même se disjoindre. Étant donné que la probabilité d'une telle recombinaison est d'autant plus grande que les gènes sont éloignés sur le chromosome, on dispose ainsi d'un moyen d'estimer cette distance en observant statistiquement les résultats de croisements. Il fut donc possible d'établir de véritables « cartes » des chromosomes, ceux-ci étant considérés comme des successions linéaires de gènes, arrangés en « collier de perles ».
Mais la question de la nature chimique exacte des gènes et de leur mode de fonctionnement fut largement éludée par Morgan. Jusqu'au début des années 1950, la plupart des biologistes pensaient que la partie protéique de la chromatine était la plus importante, alors que l'ADN (que l'on connaissait depuis la fin du xixe siècle) était généralement négligé. Les avancées des années 1950 révélèrent le rôle essentiel de la double hélice d'ADN et permirent ainsi de préciser la structure des chromosomes : chacun d'eux est composé d'une molécule d'ADN, fortement repliée et associée à des protéines, comme les histones. Cet ensemble est relativement peu condensé lorsque la cellule ne se divise pas (les chromosomes ne sont alors pas reconnaissables), mais est révélé lors de la compaction que subit l'ADN lors de la mitose. Au préalable, la molécule d'ADN s'est répliquée, de sorte que chaque chromosome d'une cellule en mitose est composé de deux copies identiques d'ADN qui vont se répartir dans les deux cellules filles.
Les gènes, quelle que soit la manière exacte[...]
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Écrit par
- Stéphane SCHMITT : directeur de recherche au CNRS
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