CHROMOSOME PHILADELPHIE
L'anomalie chromosomique dénommée chromosome Philadelphie (ou chromosome Ph1), en raison de sa découverte dans cette ville par Nowell et Hungerford en 1960, représente une amputation au niveau du bras long du chromosome 22, approximativement en son milieu. Il s'agit en fait d'un défaut plus complexe puisque la partie ainsi amputée est retrouvée sur un autre chromosome, le plus souvent sur le chromosome 9 (translocation 22-9). Cette translocation n'est reconnue que sur les cellules myéloïdes, c'est-à-dire sur les cellules formatrices des polynucléaires et des globules rouges. Seules les cellules de la moelle sont atteintes et toutes les autres cellules étudiées, cellules lymphoïdes, cellules de la peau, fibroblastes, etc., sont indemnes. Pour faire cet examen du caryotype, il faut donc étudier la culture des cellules immatures de la lignée myéloïde (dans le sang dans des cas pathologiques, ou dans la moelle). Cet examen est désormais facilité par les techniques modernes de cytogénétique (caryotype, FISH [hybridation in situ par des sondes fluorescentes]).
Ce chromosome Ph1 se retrouve dans tous les cas de leucémie myéloïde chronique. Les rares cas pathologiques qui ressemblent à cette maladie et qui n'ont pas ce chromosome particulier sont souvent atypiques. Ainsi cette relation quasi constante entre le chromosome Ph1 et la leucémie myéloïde chronique a fait inclure par certains auteurs ce résultat du caryotype dans la définition de la maladie. La plupart des médecins cependant restent attachés à la définition purement clinique de la maladie.
Il est généralement admis que le caractère est acquis. Nombreux sont les arguments, notamment lorsque les caryotypes de deux jumeaux sont étudiés : le malade atteint de leucémie myéloïde chronique a bien le chromosome Ph1, son frère jumeau ne l'a pas. Puisque la leucémie myéloïde chronique est favorisée par les agents mutagènes, notamment par les radiations ionisantes, et que le chromosome Ph1 est une anomalie acquise, il semblerait que le milieu du chromosome 22 soit un endroit fragile susceptible de se casser. Cette cassure serait responsable donc de la leucémie myéloïde chronique.
Le Glivec®, découvert à la fin des années 2000 par Novartis, limite les effets de l'anomalie chromosomique ; cependant, ce produit reste excessivement cher (environ 2 500 euros la boîte de 30 comprimés en 2007).
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Écrit par
- Laurent DEGOS : professeur agrégé à l'université de Paris-VII, Institut de recherches sur les maladies du sang, hôpital Saint-Louis
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