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CHRONIQUE DES ANNÉES DE BRAISE, film de Mohamed Lakhdar Hamina

Né en 1934, le cinéaste algérien Mohamed Lakhdar Hamina forge ses premières armes cinématographiques dès 1958, en travaillant pour les actualités télévisées tunisiennes. Il reçoit, à trente-trois ans, le prix de la première œuvre à Cannes pour Le Vent des Aurès (1966), un long-métrage qui relate la quête d'une mère algérienne à la recherche de son fils arrêté pendant la guerre d'Algérie. Il réalise ensuite Hassan Tero (1967) et Décembre (1972) avant d'entreprendre la vaste fresque épique Chronique des années de braise (Ahdat sanowavach el djamr, 1975), palme d'or au festival de Cannes. Le film est l'un des premiers, après l'indépendance, à connaître une diffusion mondiale sur le sujet encore tabou de la guerre d'Algérie. Œuvre d'un cinéaste officiel, il reste paradoxalement en marge du cinéma algérien naissant, aujourd'hui victime du carcan bureaucratique et d'une absence de financements.

Une fresque anticoloniale

Ces Chroniques s'articulent autour d'une construction simple en six tableaux expliquant les causes de la révolution et le processus de la décolonisation. Elles s'ouvrent sur des images craquelées du désert saharien pour finir dans les massifs enneigés de Kabylie. La sécheresse de 1939 a ruiné les terres. L'eau reste allouée aux domaines coloniaux. Premier tableau – « Les années de cendres » – Mohamed Lakhdar filme une famille de paysans réduite à la survie. Ahmed part tenter sa chance à la ville où il rencontre Miloud, le prophète. Mais une terrible épidémie de typhus y fait des ravages. Les Français sont évacués et les Arabes restent consignés. Le fils d'Ahmed, Smaïl, sera le seul survivant de la famille à l'épidémie. Deuxième tableau – « Les années de charrette » – lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Ahmed est mobilisé dans l'armée française pour ne rentrer qu'en 1945 en Algérie. Il assiste à la répression violente suscitée par les espoirs d'indépendance. Troisième tableau – « Les années de braise » – en 1946, les élections vont cristalliser de nouveaux affrontements entre mouvements légalistes et partisans de l'action armée. Quatrième tableau – « Les années de charge » – Ahmed rejoint dans les montagnes la résistance des clandestins. Cinquième tableau – « Les années de feu » – Ahmed sera tué mais son fils reprendra le flambeau lors de l'insurrection de la Toussaint 1954 annonçant la guerre d'Algérie. Sixième tableau – « Le 11 novembre 1954 » – La vision politique cède progressivement le pas au conte autour d'un personnage fou et prophétique incarné par le réalisateur. Ce dernier commente ces séquences d'un souffle vivant, accompagnant la libération progressive du peuple algérien du joug de la colonisation.

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Écrit par

  • : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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