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CHRYSIPPE (281-208 av. J.-C.)

Philosophe grec, Chrysippe a joué un rôle capital dans la formation du système stoïcien. De son œuvre immense (705 livres selon Diogène Laërce, Vie des philosophes, livre VII, 180) il ne reste que des fragments (réunis par H. von Arnim, Stoicorum veterum fragmenta, 4 vol., Leipzig, 1903-1924), dans lesquels il est souvent difficile d'identifier l'apport propre de Chrysippe, en le distinguant des résumés scolaires de la doctrine stoïcienne.

Chrysippe paraît être surtout un dialecticien qui a affiné les méthodes de la logique pour pouvoir répondre aux argumentations antidogmatiques des académiciens « sceptiques ». La dialectique, art de la discussion, devient ainsi chez lui un art de la démonstration. On lui attribue l'invention d'une théorie des cinq modes de raisonnement concluant. En « physique », Chrysippe essaie d'accorder deux thèses apparemment contraires : d'une part, les événements s'enchaînent d'une manière absolument nécessaire dans la trame du destin ; d'autre part, nos actes dépendent de nous et sont en notre pouvoir. Il utilise pour cela la distinction entre cause principale (la forme d'un cylindre, par exemple) et cause antécédente (l'impulsion extérieure donnée au cylindre, qui le fait rouler, mais selon sa forme). Les traces des spéculations de Chrysippe sur ce thème se trouvent dans le De fato de Cicéron. Enfin, dans le domaine éthique, Chrysippe considère la passion non pas comme le trouble affectif accompagnant une erreur de jugement, mais comme un faux jugement de valeur situé dans la « partie principale » de l'âme.

— Pierre HADOT

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