CHYTRIDIOMYCOSE
Symptômes de la chytridiomycose
B. dendrobatidiset B. salamandrivoranssont les agents étiologiques de la chytridiomycose, c’est-à-dire qu’ils sont responsables de cette maladie. Les signes cliniques observés ne sont pas spécifiques de la chytridiomycose et ils permettent seulement de la suspecter. Le diagnostic doit être validé par l’analyse microscopique de la structure du tissu (analyse dite histologique) épidermique (afin d'y déceler la présence de sporanges) et/ou des techniques de biologie moléculaire permettant d’identifier des fragments d’ADN spécifiques de ces champignons.
Les individus infectés par B. dendrobatidispeuvent présenter des changements comportementaux (léthargie, manque d’appétit), des troubles neurologiques (perte de réflexes), des lésions cutanées comme une ternissure et une coloration inégale de la peau, une hyperplasie (épaississement) de l’épiderme, des ulcérations (nécroses) ou une succession excessive de mues. B. salamandrivoranspeut provoquer des lésions relativement caractéristiques, comme des érosions multiples de l’épiderme et des ulcères, avec une bordure noire souvent typique. Le nombre et la taille de ces lésions augmentent au fur et à mesure de l’infection. Des signes comme la dysecdysis (problème de mue), la perte de poids et l’ataxie (manque de coordination des mouvements) peuvent apparaître et l’amphibien infecté finit alors par mourir.
Le relargage d’enzymes comme des protéases toxiques par B. dendrobatidiset la croissance des sporanges des deux champignons dans les cellules de l’épiderme perturbent fortement le fonctionnement physiologique de la peau des amphibiens et peuvent donc conduire à la mort les individus infectés. Mais, comme pour toute infection, l’impact de l’agent dépend de son caractère pathogène, de l’environnement et de la résistance de l’hôte. La réponse varie fortement selon les espèces : le taux de mortalité peut atteindre 100 p. 100 pour certaines d’entre elles mais peut s’avérer nul pour d’autres, qui ne présenteront aucun symptôme (espèces asymptomatiques).
Les amphibiens présentent un épiderme recouvert d’un mucus plus ou moins abondant, ce qui leur assure une certaine protection contre l’infection. De plus, le microbiote cutané (ensemble des micro-organismes de la peau) de ces animaux est particulièrement riche et certaines bactéries sont connues pour être capables de diminuer la charge parasitaire et éliminer les champignons.
Les amphibiens touchés par une infection causée par B. dendrobatidispeuvent aussi répondre via leur système immunitaire en produisant, par des glandes épidermiques, des molécules antifongiques inhibant la croissance du champignon. Ces interactions ne sont pas encore connues pour les infections à B. salamandrivorans.
B. dendrobatidispeut infecter la peau d’une très grande quantité d’espèces d’anoures (amphibiens dépourvus de queue à l’âge adulte, comme les grenouilles et les crapauds), d’urodèles (amphibiens conservant leur queue à l’âge adulte, comme les tritons et salamandres) et de gymnophiones (amphibiens au corps allongé, annelé et dépourvu de membres), mais les déclins sont bien plus importants chez les anoures. Chez les têtards, qui possèdent de la kératine uniquement au niveau du disque oral (pièces buccales), la chytridiomycose n’est en général pas mortelle. En revanche, les jeunes amphibiens, dont l’épiderme se kératinise à la métamorphose, sont très sensibles à l’infection. La maladie provoquée par B. salamandrivoransserait plutôt limitée aux urodèles, même si plusieurs espèces d’anoures peuvent être infectées.
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Écrit par
- Claude MIAUD : directeur d'études, École pratique des hautes études, enseignant-chercheur
Classification
Médias