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CINÉMA (Aspects généraux) L'industrie du cinéma

Les industries du cinéma ont été et restent des industries mineures, si l'on compare leurs chiffres d'affaires ou le nombre de leurs personnels avec ceux d'autres secteurs industriels ; en France, par exemple, les recettes du cinéma correspondent au seul chiffre d'affaires d'une grande société de vente par correspondance. En revanche, si l'on replace les industries du film dans l'économie des médias : presse, cinéma, radio, télévision, elles apparaissent comme les industries lourdes de l'audiovisuel. Lourdes, tout d'abord, au niveau des investissements dans la production. Quel que soit le pays, les films sont des marchandises culturelles longues et complexes à réaliser, mais aussi extrêmement coûteuses ; un film demande de longs mois de préparation et de tournage, mobilise des dizaines de collaborateurs artistiques et de techniciens spécialisés, il revient à plusieurs millions ou dizaines de millions de francs ou de dollars selon les cas : en 1997, le coût moyen d'un film s'élevait en France à 31,3 millions de francs, et au même nombre de dollars aux États-Unis. Le cinéma est aussi une industrie lourde à cause de ses conditions de diffusion. On compte 27 000 salles aux États-Unis, 20 000 en Europe ; en France, elles étaient au nombre de 4 600, sur presque tout le territoire, pour projeter les 394 films de long-métrage (production nationale et internationale) sortis sur le marché en 1997 et toucher près de 140 millions de spectateurs. La formation d'un tel réseau de « théâtres cinématographiques » représente un investissement et des immobilisations considérables : la construction d'un multiplexe, nouvelle forme des salles de cinéma, revient à près de 70 millions de francs, et l'implantation des salles au centre des villes représente une valeur foncière considérable.

Mais si le cinéma apparaît comme une industrie lourde de l'audiovisuel, c'est aussi au sens métaphorique du terme, car il a pu sembler figé dans ses modes de production et de consommation alors même que se développait une industrie de l'audiovisuel et des médias beaucoup plus évolutive, qui touchait un grand nombre de spectateurs et proposait un éventail de programmes beaucoup plus vaste. En moyenne, le téléspectateur passe désormais presque autant de temps devant sa télévision en une journée qu'au cinéma en un an (3 heures). Il peut y voir plus de 1 000 films dans l'année (sans même compter ceux proposés par les chaînes payantes hertziennes, câblées ou satellitaires), et, en audience cumulée, la télévision représente l'équivalent de près 4 milliards d'entrées, soit plus de 30 fois la fréquentation annuelle dans les salles.

Ces quelques éléments marquent la situation actuelle des industries du cinéma. D'une part, le cinéma connaît, intrinsèquement, de profondes mutations. Elles tiennent à une transformation des modes de financement, à une baisse tendancielle de la fréquentation des salles, au mouvement de concentration et d'internationalisation de la production et de la consommation des films, à l'émergence de nouveaux opérateurs économiques, à l'évolution des technologies de diffusion. D'autre part, cette industrie est confrontée à une évolution radicale de l'ensemble du secteur de l'audiovisuel et des médias : elle a perdu le monopole de la transmission d'images sonores et animées en même temps qu'une large part de son pouvoir d'initiative et d'impulsion, comme le notait Henri Mercillon dans la contribution qui a servi de base au présent article (Encyclopædia Universalis, 1995).

Il est ainsi désormais impossible, aujourd'hui, d'évoquer l'industrie du cinéma sans parler de la télévision : comme composante du financement de films, comme support privilégié de leur diffusion, comme partie[...]

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Médias

Film : œuvre et produit - crédits : Encyclopædia Universalis France

Film : œuvre et produit

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Les principaux distributeurs - crédits : Encyclopædia Universalis France

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