Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CINÉMA (Aspects généraux) Les théories du cinéma

Visage et image (autour de l'expressionnisme)

Même de manière indirecte, toutes les théories du cinéma sont liées à des pratiques. Si, en Allemagne, la théorie est plus focalisée sur l'image, c'est que l'expressionnisme la privilégie, bien que seul Expressionismus und Film (1926) s'y rapporte directement. Rudolf Kurtz (1884-1960) part déjà d'un art reconnu et l'envisage comme un aspect de la révolution expressionniste commencée avec le cubisme et les fauves. Du coup, le cinéma y perd sa spécificité. Le film expressionniste se définit comme un organisme raffiné et autonome par rapport à la réalité : une synthèse animée de l'architecture, de la peinture et du théâtre.

Une tout autre attention aux particularités du cinéma sera à l'origine des écrits du Hongrois Béla Balázs (1884-1949), le premier, avec Der sichtbare Mench (1924), à étudier systématiquement les moyens et la « grammaire » du cinéma, en y ajoutant plus tard l'étude du son, des genres, ainsi que la sociologie et l'histoire. Balázs parle de « la caméra productive », du cadrage, du montage. Mais son apport essentiel consiste dans son idée du gros plan qui, en détruisant notre distance au monde, nous révèle le visage, celui de l'homme, certes, mais aussi des choses qui répondent à notre regard et en reçoivent un aspect anthropomorphique. Ainsi le cinéma devient l'« homme visible » : le visage de toutes les choses.

Cependant, cette révélation n'est pas celle de la nature grâce à l'objectif. Elle exige le cadrage, l'angle, la lumière, la composition, etc. C'est surtout Rudolph Arnheim (1904- 2007) qui, dans Film als Kunst (1932), entreprendra de démontrer en détail et systématiquement tout ce qui fait du cinéma un « art visuel », différent de la réalité : projection du solide sur une surface, réduction de la profondeur, éclairage et absence de couleurs, délimitation de l'image par le cadrage et par la distance à l'objet, discontinuité de l'espace et du temps par le montage.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Médias

Antonin Artaud dans <it>La Passion de Jeanne d'Arc</it> - crédits : Henry Guttmann/ Getty Images

Antonin Artaud dans La Passion de Jeanne d'Arc

Eisenstein - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Eisenstein

Autres références

  • ACTEUR

    • Écrit par
    • 6 815 mots
    • 2 médias
    Aux débuts du cinéma, l'acteur ne paraît pas un instant différent de l'acteur de théâtre. Car ce sont les mêmes qui, dans les premiers films de Méliès, interprètent les textes classiques. De même, dans le cinéma expressionniste, la technique de monstration et de dévoilement de l'expression appartient...
  • AFRICAINS CINÉMAS

    • Écrit par
    • 1 131 mots

    L'histoire des cinémas africains se sépare difficilement de celle de la décolonisation. Il y eut d'abord des films de Blancs tournés en Afrique. Puis, à partir des années soixante, les nouveaux États africains ont été confrontés au problème de savoir quel rôle, quelle orientation, quels...

  • ALLEMAND CINÉMA

    • Écrit par et
    • 10 274 mots
    • 6 médias

    Le cinéaste Volker Schlöndorff a suggéré que l'histoire du cinéma allemand était faite d'une série de ruptures esthétiques mais aussi d'une grande continuité dans le domaine de l'industrie cinématographique. L'alternance entre les phases les plus inventives, comme celles des années 1918-1933, voire...

  • AMENGUAL BARTHÉLEMY (1919-2005)

    • Écrit par
    • 758 mots

    L'œuvre d'écrivain de cinéma de Barthélemy Amengual est considérable, autant par sa quantité (une douzaine d'ouvrages et une multitude d'articles) que par l'acuité de son propos. Comparable aux meilleurs analystes français de sa génération (tels André Bazin ou Henri...

  • Afficher les 100 références