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CHINOIS CINÉMA

Le temps des studios

Après 1997 et la rétrocession de la colonie britannique de Hong Kong à la Chine, les studios de Pékin bénéficient de l’arrivée sur le continent de grands professionnels du Sud : John Woo (Les Trois Royaumes, 2008), Dante Lam (OperationRedSea, 2018) et surtout Tsui Hark, qui connaît une seconde carrière en Chine populaire avec sa saga des Detective Dee (2010, 2013, 2018), l’épique Bataille de la Montagne du Tigre (2014) ou son adaptation du roman LeSinge pèlerin,Journey to the West: The Demons Strike Back (2017). Moins connu à l’étranger, Feng Xiaogang s’impose en maître des blockbusters. Son film catastrophe Tangshan rapporte en 2010 100 millions de dollars au box-office. Il peut aussi signer des œuvres plus intimes comme I Am Not Madame Bovary (2016).

Ainsi, à partir de la fin des années 2000, l’industrie du cinéma chinois va accompagner l’expansion économique spectaculaire du pays. Les studios vont même pouvoir employer des stars internationales dans leurs superproductions. Zhang Yimou met en scène Christian Bale dans The Flowers of War (2011) ou Matt Damon dans La Grande Muraille (2016). Des coproductions qui sont destinées au marché international. En 2018, Michael Douglas joue dans Animal World de Han Yan, tandis que Bruce Willis et Adrian Brody partagent l’affiche de Unbreakable Spirit de Xiao Feng. Deux films qui s’adressent cette fois essentiellement au grand marché chinois qui devrait dépasser celui d’Amérique du Nord dès 2020. Cinéaste danois, Renny Harlin (réalisateur de Die Hard 2 et Cliffhanger) s’est installé à Pékin, où il travaille désormais à plein temps pour les studios chinois Alibaba Pictures et Wanda. En 2017, la Chine comptait 50 800 écrans (soit 9 300 salles). Dans un même mouvement, Wanda a racheté en 2012 AMC Theaters, le plus gros propriétaire de salles aux États-Unis puis, en 2016, le studio Legendary Pictures (Jurassic World, Godzilla). Son patron, Wang Jianlin, a ouvert en avril 2018 une gigantesque « Cité du cinéma » dans la ville de Qingdao. Un studio destiné à accueillir en Chine les productions étrangères.

Désormais, la Chine investit dans des productions internationales, et les films américains à gros budget doivent tenir compte des goûts et exigences du marché chinois. Certains succès récents comme Fast and Furious 8 ou Rampage : Hors de contrôle ont généré plus de profit en Chine qu’aux États-Unis.

La Chine développe aussi son propre star-system et cultive sous serre des vedettes nationales. Pour séduire le public chinois, les films américains souvent coproduits par la Chine font volontiers appel à ces comédiens. Ainsi voit-on Li Bingbing dans Transformers : LÂge de l’extinction en 2014 ou dans En eaux troubles,en 2018. Son homonyme, Fan Bingbing, est certainement la plus grande superstar chinoise de son époque. Interprétant son propre rôle, elle triomphait en 2012 dans Lost in Thailand de Xu Zheng (au côté de l’acteur de Blind Shaft Wang Baoqiang), qui devint alors le film le plus rentable de l’histoire du cinéma chinois. Le destin de l’actrice a prouvé cependant combien la puissance de cette industrie reste étroitement dépendante du Parti communiste. En 2014, le président Xi Jinping critiquait ceux « qui ont transformé leur art en vache à lait, ou encore en pilules aphrodisiaques ». Il rappelait que l’art doit servir « une vision marxiste de la culture et se consacrer à la représentation du peuple ». Quatre ans plus tard, Fan Bingbing disparaissait pendant plusieurs mois. Accusée de fraude fiscale massive, elle a finalement publié une lettre d’excuses sur les réseaux sociaux en forme d’allégeance au régime, concluant : « Sans le Parti communiste et les politiques justes de l’État, sans l’amour du peuple, il n’y aurait pas de Fan Bingbing. »

À la fin des années 2010, la soif d’images de la nouvelle classe moyenne[...]

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Écrit par

  • : journaliste, écrivain, historien du cinéma chinois
  • : journaliste
  • : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Média

Jia Zhangke - crédits : Elisabetta A. Villa/ WireImage/ Getty Images

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