CINÉMA (Cinémas parallèles) Le cinéma d'animation
Les techniques de l'animation
Les cinéastes de prise de vues réelles et les cinéastes d'animation utilisent un même système d'analyse et de reconstitution image par image du mouvement visuel, supposant pour le cinéma standard cinquante-deux images par mètre de film et un défilé de vingt-quatre images par seconde. Mais le mouvement que crée l'animateur n'a jamais préexisté dans la nature. Chaque image devient pour lui une occasion de décision et d'invention. À la composition de ce que contient l'image vient s'ajouter la détermination de la série des intervalles, des écarts morphologiques séparant chaque image et qui, à la projection, recomposeront le mouvement visuel.
Technique classique du dessin animé
Dans cette technique les phases successives du motif en mouvement sont tracées sur des calques superposables placés sur une table transparente. Une règle à ergots correspondant à des perforations imposées à tous les documents filmables (calques, cellulos ou décors) assure la parfaite superposition des phases de mouvement au moment de leur report sur les calques successifs comme lors du tournage des cellulos sur un banc de prise de vues image par image.
À partir de 1914, l'introduction du cellulo transparent qui remplace le papier translucide va rendre possible le traçage en noir ou en couleur du contour du personnage sur une face et le remplissage de la silhouette obtenue avec une gouache opaque sur l'autre. Chaque phase du personnage en mouvement peut être posée sur un fond décoré (que le cellulo transparent laisse apparaître autour de la silhouette colorée du personnage), puis ciné-photographiée sur une ou plusieurs images, et enfin remplacée par la phase suivante du mouvement qui sera tournée à son tour. Favorisant la division du travail, l'accroissement de la quantité comme la précision de l'animation, le dessin animé sur cellulo a permis le développement industriel du dessin animé et celui de l'animation comme métier et art original du mouvement graphique.
Le film de marionnettes et d'objets
Le principe du tournage image par image peut également s'appliquer à des objets tridimensionnels, qui, à une échelle réduite, posent des problèmes d'espace scénographique et d'éclairage comparables à ceux de la prise de vues réelles. La position ou la forme d'objets familiers peuvent être légèrement déplacées pour chaque image tournée, en fonction d'une trajectoire ou d'une transformation prévue (Stuart Blackton, Walerian Borowczyk et de nombreux films publicitaires).
On peut également déterminer les phases d'une animation à partir de marionnettes articulées placées dans des positions successives qui seront enregistrées image par image (Ladislas Starevitch, George Pal, Jiří Trnka, Karel Zeman, Bretislav Pojar). Contrairement à l'animation dessinée, l'animation de marionnettes exclut la possibilité de vérifier continuellement les séries de phases, chaque nouvelle position de personnage détruisant la précédente. C'est avec une sorte de conscience manuelle de l'animation que les animateurs déploient le mouvement de leur personnage à l'aide de cette technique qui se prête aussi bien aux mouvements caricaturaux qu'aux larges développements pantomimiques.
Les techniques expéditives
Après la Seconde Guerre mondiale, la multiplication des instruments cinématographiques, le développement des nouvelles écoles nationales vont amener à l'animation un grand nombre de nouveaux créateurs décidés à éviter les techniques lourdes et collectives du dessin animé sur cellulo et de la marionnette en mettant en œuvre des techniques économiques et expéditives. Ces procédés qui rappellent ceux des pionniers solitaires des débuts de l'animation (Blackton, Percy Smith, Cohl) permettent à des créateurs indépendants de réaliser des films aussi librement qu'un[...]
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Écrit par
- Bernard GÉNIN : journaliste de cinéma
- André MARTIN : critique de cinéma
Classification
Médias
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