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CINÉMA (Cinémas parallèles) Le cinéma d'animation

Un nouvel âge de l'animation

Le long-métrage d'animation au tournant du XXe siècle

Pendant des décennies, le marché du long-métrage d'animation s'est quasi limité aux seules productions des studios Disney. Mais après la mort de « Citizen Walt », en 1966, on s'aperçoit que, d'année en année, la qualité des films baisse. Tout change au milieu des années 1980, avec l'apparition de nouveaux cadres, décidés à rajeunir leurs équipes et à intensifier la production. Dès lors, la célèbre maison, qui avait atteint son niveau le plus bas avec Taram et le chaudron magique de Ted Berman et Richard Rich (1985), connaît une étonnante résurrection. L'équipement le plus moderne est mis en place. Depuis Bernard et Bianca au pays des kangourous, de Hendel Butoy et Mike Gabriel (1990), le traçage-gouachage à la main a disparu. Désormais, les dessins sont scannés sur ordinateur, puis coloriés sur écran à la palette graphique avant qu'on reporte, grâce à un logiciel spécial, ombres et effets de lumière. Dès lors, les productions Disney vont à nouveau battre des records d'audience. La Petite Sirène, de Ron Clements et John Musker (1989) ; La Belle et la Bête, de Gary Trousdale et Kirk Wise (1991) ; Aladdin, de Ron Clements et John Musker (1993) ; Pocahontas, de Mike Gabriel et Eric Goldberg (1995) – chaque film est un nouveau triomphe commercial. Cette remontée en flèche atteint un point culminant en 1994, avec Le Roi Lion, de Roger Allers et Bob Minkoff : pour la première fois, un long-métrage d'animation se hisse à la première place du box-office mondial, détrônant les dinosaures de Jurassic Park. Stimulés par ce triomphe, les studios Disney maintiennent la cadence d'un film par an, pariant avec bonheur sur les nouvelles techniques grâce à une association avec John Lasseter. Ils misent également sur un ancien animateur devenu une star d'Hollywood – Tim Burton, l'auteur de Batman (1989) – dont Disney produit un magnifique film de marionnettes (animé par Henry Selick), L'Étrange Noël de Mr. Jack (1993). En 2005, Tim Burton creusera la même thématique fantastico-gothique avec les Noces funèbres. En 2010, il incrustera tous les comédiens d’Alice au pays des merveilles (Johnny Depp, Helena Bonham Carter, etc.) dans des décors entièrement conçus en images de synthèse. Avant de revenir à la technique traditionnelle de la marionnette en stop motion pour un remake sous forme de long-métrage de son Frankenweenie (2012)

Avec ce spectaculaire redressement, l'empire Disney en affichant des profits gigantesques, dope une concurrence inattendue qui apparaît sur le marché.

La 20th Century Fox entre dans la bataille en 1997 avec Anastasia de Don Bluth, une sorte de « Cendrillon mâtinée d'heroicfantasy ». La Warner revisite la légende des chevaliers de la Table ronde (Excalibur, l'épée magique, de Frederik Du Chau). Steven Spielberg, lui, s'associe avec Jeffrey Katzenberg (ex-producteur du Roi Lion, qui vient de quitter les studios Disney). Il va développer le département animation de leur nouvelle compagnie, DreamWorks, et lancer plusieurs machines de guerre : Fourmiz, de Eric Darnell et Tim Johnson (1998) ; Le Prince d'Égypte, de Brenda Chapman et Steve Hickner (1998) ; La Route d'Eldorado, de Bibo Bergeron et Will Finn (2000), avant de triompher avec Shrek d'Andrew Adamson et Vicky Jenson (2001). Avec des diffusions plus modestes, un artisan indépendant comme Bill Plympton (qui crayonne ses films avec une équipe ultra-réduite) réussit à se faire un nom en signant des œuvres à l'humour absurde et délirant, et en ne reculant devant aucune outrance, comme dans L'Impitoyable lune de miel (1997), MondoPlympton(1998) et Mutants Alien (2001), Hair High (2004). En 2008, il signe une étonnante méditation sur le bien et le mal avec Des idiots[...]

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Walt Disney et Mickey Mouse - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Walt Disney et Mickey Mouse

Blanche-Neige et les sept nains (1937) - crédits : PRNewsFoto/Walt Disney Studios Home Entertainment/ AP Images

Blanche-Neige et les sept nains (1937)

Jiri Trnka - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

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