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HONG KONG CINÉMA DE

Les arts martiaux

Dans le cinéma d’arts martiaux (wushu), on distingue les films de sabre (wu xia pian) des films de kung-fu ou boxe à mains nues. Dans la première catégorie, née à Shanghai dans les années 1920, on exécute de nombreuses acrobaties à l’aide de trampolines, selon la tradition du Nord (l’opéra et le cirque de Pékin). On y fait parfois appel au fantastique (les histoires de fantômes), les héros étant dotés de pouvoirs magiques. Dans la seconde, issue de la tradition du Sud et née à Hong Kong, le héros se sert uniquement de son art pour livrer le combat.

Ce sont aussi des réfugiés qui donnent naissance au cinéma d’arts martiaux de Hong Kong. Hong Zhongbao ouvre la voie en 1938 avec un film de sabre, Fang Shiyus Battle in the Boxing Ring, « remake » d’une production de Shanghai de 1928. Dans l’ensemble, les cinéastes comme Wang Yuanlong et Ren Pengnian transplantent un modèle de cinéma déjà constitué. C’est avec la série Huang Fei-Hong que naît le kung-fu cantonais. Riche de plus de quatre-vingts épisodes tournés entre 1949 et 1970, elle s’inspire de la vie du grand maître Huang Fei-Hong (1847-1924) qui initie ses élèves aux techniques de son art et aux valeurs confucéennes, fondées sur la vertu, la maîtrise de soi et le respect. Tout change avec l’ouverture en 1961 des studios Shaw et la construction d’un village traditionnel pour les films historiques à costumes, récits de cour, comme The Love Eterneet Empress Wu (1963) de Li Hanxiang, tournés en scope couleurs et en mandarin. L’énorme succès en 1966 de deux films de sabre, Come Drink with Me de King Hu et de The One-ArmedSwordsman de Chang Cheh (1923-2002), premier volet de la légendaire saga du guerrier manchot, incite le studio à poursuivre. Chang Cheh se spécialise dans le genre, avec Golden Swallow (1968) et The Boxer From Shantung (1972), ainsi que Chu Yuan, qui adapte les romans d’arts martiaux de Gu Long et Jing Yong, et se signale avec Killer Clans (1975) et The MagicBlade (1976). De son côté, King Hu (1931-1997), après sa rupture avec le studio, reste fidèle au genre avec Touch of Zen (1971) et Raining in the Mountain (1979), son chef-d’œuvre. Autant Chang Cheh met en avant l’érotisme du corps masculin, valorisé par le ralenti chorégraphique, autant King Hu, nourri de la culture de la Chine du Nord, travaille sur le rythme et le montage, en accord avec les gestes et les déplacements de ses personnages. Son art rejoint celui de la calligraphie, tout en puisant son inspiration plastique dans les éléments de la peinture chinoise.

L’immense succès remporté par deux films avec Bruce Lee, The Big Boss (1971) et Fist of Fury (1972) de Lo Wei, produits par la Golden Harvest, ouvre le champ au kung-fu cantonais dans un contexte contemporain. Bruce Lee, qui meurt en 1973, à l’âge de trente-trois ans sans avoir pu achever Game of Death (Le Jeu de la mort, 1978), impose un personnage de solitaire révolté, fier de son identité chinoise. Il se sert de son art comme d’une arme pour régler ses comptes avec la société, phénomène nouveau (et entorse aux valeurs confucéennes) qui explique sa notoriété auprès d’un public populaire non chinois. Le studio Shaw se tourne alors vers les héros mythiques de l’histoire du temple de Shaolin, lieu de la résistance des moines bouddhistes à l’occupant mandchou au temps de la dynastie des Qing. Commence la saga du « Shaolin kung-fu », écrite par Chang Cheh (Shaolin Martial Arts et Five Shaolin Masters en 1974) puis par Liu Chia-Liang (1937-2013), ancien instructeur d’arts martiaux passé à la mise en scène, qui s’impose avec ExecutionersfromShaolin (1977) et ShaolinMantis (1978). Liu Chia-Liang, authentique pratiquant d’arts martiaux, dont le père était instructeur sur la célèbre série cantonaise Huang Fei Hong, filme l’apprentissage du kung-fu, insistant sur la relation maître-élève, et y ajoute[...]

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Écrit par

  • : journaliste
  • : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Média

<em>In the Mood for Love</em>, Wong Kar-wai - crédits : 2000 USA Films/ Online USA/ Hulton Archive/ Getty Images

In the Mood for Love, Wong Kar-wai

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