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HONG KONG CINÉMA DE

Après la rétrocession

La peur de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, qui allait intervenir le 1er juillet 1997, a commencé en 1989, avec les événements de la place Tiananmen, sombre préfiguration, pour beaucoup, du scénario à venir.

De fait, la rétrocession devient le sujet ou la toile de fond de plusieurs succès dont le second épisode de la triomphale saga des Infernal Affairs réalisée par Andrew Law et Alan Mak en 2002 et 2003 (Martin Scorsese signera un remake du premier épisode en 2006 : Les Infiltrés). Fruit Chan consacre surtout toute une trilogie à cet épisode historique et traumatique : Made in Hong Kong (1997), The LongestSummer (1998) et Little Cheung (1999).

Au cours de la dernière décennie du millénaire, des cinéastes hongkongais franchissent le Pacifique. Ils vont mettre leur savoir-faire au service du cinéma américain avec plus ou moins de succès. John Woo restera dix ans en Californie : de Chasse à lhomme (Hard Target, 1993) à Paycheck (2003) en passant par des films très ambitieux comme Volte/Face (Face/Off, 1997) ou Mission Impossible 2 (2000). Tsui Hark se contente de productions moins prestigieuses comme Double Team (1997) ou Piège à Hong Kong (1998). Avec un art du grand écart inégalable, Jackie Chan parvient à garder un pied en Asie tout en séduisant le marché américain et international, notamment avec la série des Rush Hour à partir de 1998. Dans leurs sillages, d’autres comédiens comme Jet Li, Chow Yun-fat ou Michelle Yeoh tentent une carrière américaine sans retrouver l’éclat de leur règne hongkongais.

Plus que les artistes eux-mêmes, c’est le style visuel, la griffe hongkongaise, qui séduit à cette époque le cinéma international.

À partir de la fin des années 1990, Andy et Larry Wachowski tournent la saga des Matrix, épopée de science-fiction dont Yuen Woo-ping signe les chorégraphies aériennes. Il règle aussi celles de

Tigre et Dragon (2000). Réalisé par Ang Lee, cinéaste taïwanais installé en Amérique, ce film de sabre qui remporte quatre oscars met en scène plusieurs stars de Hong Kong, dont Chow Yun-fat, Michelle Yeoh, Cheng Pei-pei. La vague hongkongaise atteint alors son pic. Mais elle se retire tandis que le succès de la saga d’espionnage Jason Bourne impose, à partir de 2002, un style de combat plus brutal. Certains cinéastes et comédiens retrouvent temporairement Hong Kong. La plupart vont gagner la Chine continentale pour donner vie aux monumentales productions des studios pékinois. John Woo pourra ainsi réaliser son adaptation du grand classique de la littérature chinoiseLes Trois Royaumes (2008), Tsui Hark tourner la spectaculaire saga des Détective Dee (2010, 2013, 2018).

Cependant, sur le plan local, les années 1990, ont été désastreuses. Après avoir vécu au rythme de plus de deux cents films par an, ce qui plaçait Hong Kong au troisième rang mondial après l’Inde et les États-Unis, la production chute à cent films en 1997 et à cinquante en 1998, tandis que le chiffre d’affaires de l’industrie cinématographique passe de 1,2 milliard de dollars de Hong Kong (130 millions d’euros) en 1992 à 345 millions (37,2 millions d’euros) en 1999.

Depuis la rétrocession, la Chine n’encourage pas le cinéma de l’ex-colonie et s’efforce de l’absorber. Pékin, qui se méfie des particularismes régionaux, privilégie la production d’un cinéma national tourné en mandarin. L’espoir pour le cinéma de Hong Kong de conquérir le marché chinois ne s’est donc jamais concrétisé. Les films de Hong Kong, toujours considérés comme étrangers, restent bloqués par les quotas d’importation.

Après la disparition des grands studios (Shaw Brothers puis Golden Harvest), les indépendants assurent désormais la renommée du cinéma de Hong Kong. À la barre de sa société Milkyway Image, Johnnie To alterne des comédies populaires et des polars personnels qui chroniquent le quotidien de[...]

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Écrit par

  • : journaliste
  • : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Média

<em>In the Mood for Love</em>, Wong Kar-wai - crédits : 2000 USA Films/ Online USA/ Hulton Archive/ Getty Images

In the Mood for Love, Wong Kar-wai

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