- 1. Les deux postulations de la mise en scène
- 2. L'expressionnisme : la mise en scène comme art total
- 3. Le premier cinéma soviétique : le montage contre la mise en scène
- 4. Le cinéma hollywoodien : l'illusion reine
- 5. Retrouver la puissance de suggestion de la lumière naturelle
- 6. La mise en scène et le monde
- 7. La mise en scène et le monde du virtuel
- 8. Fin de la « mise en scène » ?
- 9. Bibliographie
CINÉMA (Réalisation d'un film) Mise en scène
Le premier cinéma soviétique : le montage contre la mise en scène
Là où l'expressionnisme s'exprimait par le plan-tableau, surcomposé, surdéterminé, nécessairement statique, rejetant le montage et le mouvement en général comme susceptible de détruire une composition longuement élaborée, le cinéma soviétique issu de la révolution d'Octobre trouve d'autres solutions qui feront progressivement table rase non seulement de la notion de mise en scène, mais également de sa pratique. L'organisation de l'espace à l'intérieur d'un plan devient parfaitement secondaire par rapport au passage d'un plan à un autre et au jeu des plans entre eux. Le montage se substitue à la mise en scène proprement dite. Lorsque Lev Koulechov articule par le montage une assiette de soupe, un cadavre ou un enfant avec un regard de l'acteur Ivan Mosjoukine, le spectateur ne peut que se plier aux intentions de l'expérimentateur : sur les traits de l'acteur d'un gros plan toujours identique extrait d'un autre film, il lit la faim, le désespoir ou l'attendrissement. L'espace délimité par le regard et son objet est tellement réduit qu'aucune place n'est laissée au doute ou à la libre interprétation. C'est sur ce modèle que se constitue l'essentiel du cinéma soviétique, de Poudovkine à Eisenstein. Suivant l'expression de ce dernier, il s'agit de « labourer le psychisme du spectateur dans une direction déterminée » (celle du marxisme-léninisme). La notion de mise en scène perd une grande part de sa substance au profit du choc des images (mobiles ou statiques) dont le contenu idéologique tend à l'emporter sur quelque composition spatiale que ce soit. Lorsque Dziga Vertov, avec la notion d'« intervalles », prétend redonner le pouvoir au spectateur, en lui permettant de prendre conscience du fonctionnement du cinéma comme du monde, ce fonctionnement est nécessairement de nature marxiste-léniniste. Dans ce « ciné-déchiffrement socialiste du monde », le montage ne se calque pas sur le monde mais le construit selon des principes préétablis. Avec le cinéma stalinien et le réalisme socialiste, le verrouillage du sens se fera dès le scénario, et pourra se passer du montage. La mise en scène fait retour, mais en tant qu'illustration, « mise en relief » des vertus supposées du Petit Père des peuples.
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Médias
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