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CINÉMA (Réalisation d'un film) Mise en scène

Retrouver la puissance de suggestion de la lumière naturelle

C'est avec Orson Welles et Citizen Kane que l'on situe généralement l'accession de la mise en scène à la modernité. L'utilisation systématique du plan-séquence et de la profondeur de champ transforme largement les données du cinéma hollywoodien : le montage perd son invisibilité et le spectateur retrouve une liberté perdue, ayant à choisir – ou l'illusion de choisir –, parmi les différentes actions qui se déroulent dans le champ de la caméra.

<it>Citizen Kane</it>, d'Orson Welles - crédits : RKO Radio Pictures Inc./ Collection privée

Citizen Kane, d'Orson Welles

Citizen Kane, O. Welles - crédits : Keystone/ Hulton Getty

Citizen Kane, O. Welles

Max Ophuls - crédits : Slim Aarons/ Getty Images

Max Ophuls

C'est une modernité bien plus grande qui marque la mise en scène européenne de l'après-guerre. Déjà, Jean Renoir, dans les années 1930, avait élaboré une méthode qui laissait une grande place aux aléas du tournage. Au lieu de recréer de toutes pièces un univers imaginaire, retrouvant les principes de Lumière, il faisait confiance à la réalité, dont il acceptait qu'elle vienne, sinon modifier radicalement, du moins enrichir son projet initial : elle chargeait au contraire le film d'une vérité que l'enclos du studio et le carcan du scénario et des dialogues, dominant dans le cinéma français d'alors, ne pouvaient qu'étouffer. En ce sens, le néo-réalisme italien, en particulier dans sa version rossellinienne, représente l'opposé absolu de l'expressionnisme allemand. Il ne s'agit pas seulement d'éléments stylistiques extérieurs : tournages dans la rue, sujets quotidiens, recours à la lumière naturelle à peine corrigée, mélange d'acteurs non professionnels et professionnels, etc. Un état d'esprit résumé par une célèbre phrase de Roberto Rossellini : « Les choses sont là, pourquoi les manipuler ? » Pas plus que De Sica ou Visconti, Rossellini ne croit à une vérité absolue qu'il suffirait de cerner sans artifices. Mais sa démarche repose sur une croyance très ferme dans la capacité du dispositif cinématographique à reproduire mécaniquement et chimiquement la réalité en sorte de lui permettre de révéler sa vérité sur l'écran. Pour André Bazin et tous ceux qui constitueront quelques années plus tard la Nouvelle Vague, la mise en scène revêt alors un double aspect : un respect absolu de la réalité et la mise en place de moyens, variant selon chaque personnalité, destinés à faire surgir, par la douceur et la séduction (Truffaut), la patience et la confiance (Chabrol), la connivence (Rivette), la persuasion obstinée et masquée (Rohmer) ou la force ou la colère (de Godard à Pialat), la vérité au cœur de ce réel.

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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Médias

David O. Selznick - crédits : Alfred Eisenstaedt/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

David O. Selznick

Georges Méliès - crédits : Henry Guttmann/ Hulton Archive/ Getty Images

Georges Méliès

Alfred Hitchcock - crédits : Hulton Archive/ Getty images

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