- 1. Les deux postulations de la mise en scène
- 2. L'expressionnisme : la mise en scène comme art total
- 3. Le premier cinéma soviétique : le montage contre la mise en scène
- 4. Le cinéma hollywoodien : l'illusion reine
- 5. Retrouver la puissance de suggestion de la lumière naturelle
- 6. La mise en scène et le monde
- 7. La mise en scène et le monde du virtuel
- 8. Fin de la « mise en scène » ?
- 9. Bibliographie
CINÉMA (Réalisation d'un film) Mise en scène
La mise en scène et le monde
Les interrogations sur la mise en scène et le cinéma en général se résument à une seule : qu'est-ce que le cinéma ? (André Bazin). Qu'est-ce que la mise en scène ? (Alexandre Astruc). « La mise en scène, c'est écrire avec la pâte du monde », répondait superbement ce dernier en 1959. Toute la question se situe en effet entre l'idée d'écriture et celle d'un monde réel ou d'une réalité à construire. Michel Mourlet, chef de file des Mac-Mahoniens, groupe de cinéphiles et de critiques groupés autour de la revue Présence du cinéma, a proposé des réflexions longtemps oubliées qui demeurent pourtant pertinentes. S'il fait de la mise en scène le cœur du cinéma et de sa réflexion, celle-ci tourne autour de la notion d'« évidence ». L'évidence du monde qui s'impose à nous et qui doit être rendue par l'évidence de la mise en scène. Mais comment articuler le monde, qu'il ne s'agit pas de manipuler, faute de quoi sa vérité s'évanouirait, et le fait de l'enregistrer pour en constituer une fiction, un drame, un sens qui soit à la fois celui du monde et celui de l'homme, – du metteur en scène ? S'il s'agit d'une utopie naïve d'un retour à un accord premier entre l'homme et le monde qui aboutit à un panthéon où se mêlent les plus grands (Lang, Preminger, Losey, Walsh, Fuller...) et de fausses valeurs (Don Weis, Riccardo Freda, Vittorio Cottafavi...), cette notion d'évidence demeure d'actualité avec l'évolution du cinéma au cours de ces dernières décennies.
Une part du cinéma semble continuer la tendance ouverte par Renoir ou Rossellini, le néoréalisme et la Nouvelle Vague, en particulier en Europe et en France, d'Eustache et Pialat à Catherine Breillat, Xavier Beauvois, Éric Zonca ou Lucas Belvaux, des Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne à l'Italien Nanni Moretti, sans oublier la nouvelle génération de cinéastes asiatiques, représentée par Hou Hsiao-hsien, Takeshi Kitano, Wong Kar-wai... Pourtant, s'ils manifestent ce goût du vrai, on peut leur reprocher parfois d'avoir trop pris au pied de la lettre la prophétie de Truffaut selon laquelle le cinéma de demain sera personnel ou ne sera pas. Leur mise en scène est parfois moins une « fenêtre ouverte sur le monde » (Bazin) qu'un miroir. Le culte du vrai redonne goût à des théories aussi radicales que celles de Dogma 95, collectif danois animé par Lars von Trier et Thomas Vinterberg, dont le manifeste refuse tout trucage, tout éclairage non naturel, toute postsynchronisation, le tournage se faisant nécessairement caméra à la main, au présent, la fiction respectant l'unité de lieu et de temps. Le même manifeste exige (en vain) l'abolition du nom de l'auteur. Peu importent les contradictions entre les cinéastes et les films, les trahisons du « dogme » par Lars von Trier, par exemple, des Idiots (1998) à Breaking the Waves (1996) ou Dancing in the Dark (2000). Cette résistance chaste, écologique et dogmatique, est symptomatique de l'évolution réelle du cinéma et de la mise en scène.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Médias
Autres références
-
ACTEUR
- Écrit par Dominique PAQUET
- 6 815 mots
- 2 médias
Aux débuts du cinéma, l'acteur ne paraît pas un instant différent de l'acteur de théâtre. Car ce sont les mêmes qui, dans les premiers films de Méliès, interprètent les textes classiques. De même, dans le cinéma expressionniste, la technique de monstration et de dévoilement de l'expression appartient... -
AFRICAINS CINÉMAS
- Écrit par Jean-Louis COMOLLI
- 1 131 mots
L'histoire des cinémas africains se sépare difficilement de celle de la décolonisation. Il y eut d'abord des films de Blancs tournés en Afrique. Puis, à partir des années soixante, les nouveaux États africains ont été confrontés au problème de savoir quel rôle, quelle orientation, quels...
-
ALLEMAND CINÉMA
- Écrit par Pierre GRAS et Daniel SAUVAGET
- 10 274 mots
- 6 médias
Le cinéaste Volker Schlöndorff a suggéré que l'histoire du cinéma allemand était faite d'une série de ruptures esthétiques mais aussi d'une grande continuité dans le domaine de l'industrie cinématographique. L'alternance entre les phases les plus inventives, comme celles des années 1918-1933, voire...
-
AMENGUAL BARTHÉLEMY (1919-2005)
- Écrit par Suzanne LIANDRAT-GUIGUES
- 758 mots
L'œuvre d'écrivain de cinéma de Barthélemy Amengual est considérable, autant par sa quantité (une douzaine d'ouvrages et une multitude d'articles) que par l'acuité de son propos. Comparable aux meilleurs analystes français de sa génération (tels André Bazin ou Henri...
- Afficher les 100 références