- 1. Les deux postulations de la mise en scène
- 2. L'expressionnisme : la mise en scène comme art total
- 3. Le premier cinéma soviétique : le montage contre la mise en scène
- 4. Le cinéma hollywoodien : l'illusion reine
- 5. Retrouver la puissance de suggestion de la lumière naturelle
- 6. La mise en scène et le monde
- 7. La mise en scène et le monde du virtuel
- 8. Fin de la « mise en scène » ?
- 9. Bibliographie
CINÉMA (Réalisation d'un film) Mise en scène
Fin de la « mise en scène » ?
Dès 1967, dans un bref article des Cahiers du cinéma, André S. Labarthe annonçait, voire constatait la disparition du mot « mise en scène », l'évolution du cinéma rendant caduque ce que l'école critique issue de Bazin – le cinéma comme ouverture sur le réel – avait tiré de Lumière comme de Rossellini, voire Preminger, au nom d'une certaine conception de l'auteur, du film comme expression du monde intérieur d'un artiste, – un « poète », comme on appellera un Federico Fellini. Aujourd'hui, si la mise en scène de cinéma ne se confond pas encore avec le film d'animation ou avec la bande dessinée – à travers le story board –, avec ses cadres et compositions prédéfinies où personnages et décors viennent remplir un vide, à l'envers du cinéma « mis en scène » de Renoir ou Pialat, où la caméra, le cadre viennent saisir le mouvement des corps indépendants de leur filmage, la mise en scène « classique » subit d'importantes transformations. Ce qu'on a appelé un temps « la nouvelle image », avec Jean-Jacques Beineix (La Lune dans le caniveau, 1983) ou Luc Besson (Subway, 1985), trouve sans doute son aboutissement avec Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet (2001), où les personnages, les décors, les mouvements, le maquillage, la lumière ne copient plus le réel, qui n'inspire d'ailleurs pas l'intrigue, mais la réalité virtuelle de la bande dessinée et des jeux vidéo. Dans ce type de cinéma, la conscience du spectateur n'est plus confrontée au réel. Elle se dilue dans la « beauté » de l'image d'un monde d'essence toujours plus ou moins fantastique.
Parler de la fin de la « mise en scène » n'a rien de nostalgique. L'évolution de cette fonction à la fois théorique et pratique correspond simplement au monde présent, où l'image (qu'elle trouve source dans la télévision, Internet ou les jeux vidéo...) se substitue de plus en plus au réel. En ce sens, la « mise en scène » correspond encore à une « fenêtre ouverte sur le monde ». C'est celui-ci qui a changé. Le cinéma, son écriture, sa technique accompagnent cette évolution. Aux « auteurs » de s'en servir avec la conscience que le réel fait nécessairement retour, ce dont témoignent des cinéastes tels que Brian De Palma, David Lynch, David Cronenberg, Oliver Stone, John Woo. Ajoutons les espoirs ouverts par la miniaturisation des caméras numériques DV, qui redonnent vigueur depuis quelques années au cinéma d'auteur et personnel, où la mise en scène – totalement renouvelée et mise en pièces par une maniabilité inédite – retrouve plus que jamais son aspect aléatoire. Ainsi d'Agnès Varda avec Les Glaneurs et la glaneuse (2000), de Claude Miller avec La Chambre des magiciennes (2005), d'Alain Cavalier avec La Rencontre (1996).
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Médias
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