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CINÉMA (Réalisation d'un film) Montage

Le montage virtuel marque-t-il un progrès esthétique ?

Si on met de côté son aspect strictement technique, qui constitue incontestablement un énorme progrès, qu'apporte le montage virtuel dans les autres domaines ? Dans la pratique, c'est d'abord une vitesse d'exécution qui change les données psychologiques de la création. Le montage virtuel supprime un certain nombre de manipulations matérielles fastidieuses (couper, coller, déplacer, chercher un plan...), ce qui laisse plus de temps à la réflexion au moment même de l'opération, si la production le permet. Sur le plan artistique, il permet au monteur d'avoir à sa disposition sur ordinateur la totalité des prises retenues, voire la quasi-totalité de ce qui a été tourné, et d'expérimenter rapidement toutes les solutions imaginables. Selon Valérie Loiseleux, monteuse de nombreux films de Manoël de Oliveira et césar du meilleur montage pour la trilogie de Lucas Belvaux en 2003 (Cavale, Après la vie, Un couple épatant), il en résulte des films beaucoup plus aigus, plus « tranchants ». Ce qui explique en partie que le nombre de plans d'un film de David Lynch ou d'Oliver Stone dépasse largement celui d'un film américain classique, voire de films au montage très travaillé, comme ceux de Welles.

La notion de temps au cinéma que la pratique introduit rejaillit nécessairement sur l'esthétique du montage, le lien entre le monteur ou/et le cinéaste et le film. « La disparition des traces sur la pellicule, des marques, des scotches, des repentirs fait qu'il n'y a plus de traces du temps. On est dans un continu qui, à peine né, a déjà l'air définitif. Auparavant, on entendait passer les collures, on voyait la marque blanche de la coupe (au crayon sur l'image). C'était presque la coupe mais ce ne l'était pas encore et l'on pouvait bien estimer, avant de couper, ce qu'on ne gardait pas, ce qui disparaîtrait pour toujours » (V. Loiseleux).

Le montage virtuel, déjà dominant, sera bientôt la norme. « J'ai la sensation, explique Valérie Loiseleux, que cet outil apporte la possibilité d'un changement profond dans la manière de considérer le film en train de prendre corps, à cette étape cruciale de la fabrication du film, de la part du réalisateur et du monteur, et que l'appropriation plus cérébrale du film, si elle se fait en respectant le temps nécessaire à la mise à jour du film (c'est le temps qui monte les films...), amène le réalisateur à « écrire » son film avec une forme de liberté (une immédiateté dans ce cas) qu'il n'avait peut-être pas avant. »

— Joël MAGNY

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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Médias

Différents plans cinématographiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Différents plans cinématographiques

Cinéma : montage d'un film - crédits : mixetto/ E+/ Getty Images

Cinéma : montage d'un film

Techniques de montage cinématographique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Techniques de montage cinématographique

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