CINÉMA (Réalisation d'un film) Photographie de cinéma
Retour à la lumière naturelle
En 1941, avec son opérateur Gregg Toland, Orson Welles (Citizen Kane) revenait à la fois à un certain expressionnisme de la lumière, mais en transformait le sens totalitaire par le recours au plan-séquence et surtout à la profondeur de champ. Ce dernier procédé, le plus important, permettait, à l'aide de nouveaux objectifs, de retrouver une netteté à tous les niveaux de profondeur de l'image et de redonner le sentiment au spectateur de ne plus être enfermé dans un réseau de pressions dramatiques et signifiantes auxquelles il ne pouvait échapper. Mais la véritable révolution fut d'abord apportée par le néo-réalisme italien, repris par la Nouvelle Vague française. Les Italiens, par le simple fait de tourner dans la rue, retrouvaient les aléas de la lumière du monde, une lumière qui n'est dotée, a priori, d'aucune intention dramatique ou signifiante. Les grands opérateurs de la Nouvelle Vague, de Raoul Coutard à Nestor Almendros, ont pour idéal de ne pas éclairer du tout et pour principe pratique d'éclairer le moins possible, ce qui implique des conditions techniques et des lieux qui le permettent. L'apparition de caméras légères et de pellicules ultrasensibles permet cette évolution, par ailleurs largement influencée par le développement de la télévision. Mais il s'agit moins d'une question de style, de réalisme ou de naturalisme en réaction contre l'académisme des années 1950, que d'éthique : ne pas contredire la lumière du monde, placer l'action dramatique dans la lumière – indifférente, insignifiante – où elle se déroulerait dans la réalité. Le principe défini par Nestor Almendros, en particulier dans les films d'Éric Rohmer (La Collectionneuse, La Marquise d'O, Pauline à la plage...), consiste à respecter au maximum les sources naturelles d'éclairage en évitant toute lumière qui n'appartiendrait pas au monde du film.
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Médias
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