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SCANDINAVE CINÉMA

Quelques pionniers diffusent très tôt le cinéma en Scandinavie. Parmi eux, le Danois Peter Elfelt, auteur d'une série de reportages commencée en 1897. Les bases d'une industrie sont posées dès 1906 avec la fondation par Ole Olsen des studios de la Nordisk, à Copenhague, puis avec la Svenska Bio de Charles Magnusson (1909), encouragé en Suède par le succès de sa production Les Gens du Värmland. Ces deux sociétés vont incarner le premier âge du cinéma scandinave, avec de grands techniciens de l'image, des actrices populaires dans toute l'Europe, et des metteurs en scène dont le nom restera dans l'histoire mondiale du cinéma. En Norvège, malgré quelques essais ancrés dans les traditions locales, le cinéma se développera plus tardivement. Il en va de même pour la Finlande, pays que l'on peut rattacher aux pays scandinaves au sens strict.

L'âge d'or du muet

Jusqu'à la Première Guerre mondiale, le cinéma danois est un des premiers producteurs mondiaux. Les réalisateurs August Blom, Urban Gad, Viggo Larsen, Robert Dinesen tournent des mélodrames et des drames romantiques d'atmosphère parfois fantastique, dominés par des figures de femmes émancipées qui préfigurent l'archétype de la vamp, où excellent Asta Nielsen (« la Duse du Nord »), Clara Pontopiddan, Lily Blech. Forest Holger-Madsen, acteur devenu réalisateur de films conventionnels, passe à des œuvres pacifistes comme À bas les armes, sur un scénario de Carl Dreyer (1915). Benjamin Christensen, chanteur d'opéra devenu metteur en scène, abandonne le mélodrame avant de s'affirmer comme un des maîtres du fantastique avec La Sorcellerie à travers les âges, tourné en Suède en 1921. Carl Dreyer, journaliste devenu scénariste à la Nordisk, dirige ses propres films à partir de 1918. Son œuvre, très personnelle et exigeante, où une sorte de « réalisme métaphysique » rejoint la critique morale et sociale, se poursuivra non sans mal jusqu'aux années 1960.

Le cinéma danois, déjà privé de sa grande star Asta Nielsen et de son époux Urban Gad par les studios berlinois en pleine ascension, subit le choc de la guerre tandis que le cinéma suédois connaît son premier âge d'or. Ses deux grands maîtres sont Mauritz Stiller et Victor Sjöström, chez Magnusson depuis 1912. Le premier adapte avec esprit des pièces de théâtre puis crée un réalisme lyrique original avec une adaptation du roman finlandais Le Chant de la fleur écarlate (1918), suivi de La Légende de Gösta Berling (1924), d'après Selma Lagerlöf, qui révèle l'actrice Greta Garbo. Il est aussi l'auteur d'un chef-d'œuvre qui va inspirer maints cinéastes, Le Trésor d'Arne (1919), également adapté de Lagerlöf. Les premiers grands films de Sjöström sont aussi des adaptations de pièces de théâtre, comme La Troisième Voie (1916), d'après Ibsen. Mais il se tourne bientôt vers les grands espaces naturels et une forme de drame mystique qu'il concrétise en Islande avec Les Proscrits (1917), puis dans plusieurs adaptations de romans de Selma Lagerloff, dont La Charrette fantôme (1920).

Le prestige international des cinémas danois et suédois explique le départ d'actrices et de metteurs en scène pour l'étranger : Holger-Madsen, Dinesen, Larsen tournent en Allemagne dans les années 1920, Christensen se rend à Hollywood, tandis que Dreyer cherche d'un pays à l'autre les moyens de réaliser ses ambitions. C'est en compagnie de Greta Garbo que Mauritz Stiller part à Hollywood en 1925. Il en reviendra dégoûté du cinéma, tandis que Sjöström, engagé en 1923 par la M.G.M., y réalise des films jusqu'en 1930, sous le nom de Seastrom.

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Monika, I. Bergman - crédits : Prod DB/ AllPix/ Aurimages

Monika, I. Bergman

<em>L’Autre Côté de l’espoir,</em> A. Kaurismäki. - crédits : Sputnik Oy/ BBQ_DFY/ Aurimages

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