Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CINÉTIQUE CHIMIQUE

Applications techniques

Mais tout en contribuant aux progrès mêmes de la chimie en tant que science, la cinétique chimique est aussi une science appliquée ; en traduisant la transformation chimique en termes quantitatifs, elle rend possible l'action de l'ingénieur sur celle-ci. Un premier groupe d'application concerne la mise au point des procédés industriels de transformation chimique. Le problème dans ce cas est de fabriquer un certain produit chimique au coût minimal. Si nous considérons le cas du Nylon, il faudra disposer d'acide adipique, CO2H(CH2)4CO2H, au moindre prix, or celui-ci peut être obtenu à partir de benzène, C6H6, hydrogéné en cyclohexane, C6H12, lui-même oxydé par l'air en cyclohexanol, celui-ci étant oxydé par l'air ou par l'acide nitrique en acide adipique. Chacune de ces étapes réactionnelles doit être industriellement optimalisée, c'est-à-dire qu'il faut en faire l'étude cinétique complète, en déduire un schéma de procédé pour une réalisation industrielle, schéma qui définira les fractionnements nécessaires pour purifier les réactifs, les réacteurs nécessaires pour assurer la transformation, les fractionnements nécessaires pour purifier les produits ainsi que les connexions entre ces équipements. On établira ensuite le plan de circulation des fluides, c'est-à-dire qu'en tout point on établira la concentration et le débit pour tous les produits chimiques présents. À partir de ces données, on établira un schéma d'instrumentation et de tuyauteries où sont déterminés les matériaux, les dimensions et les épaisseurs des réacteurs, des colonnes de fractionnement et des tuyauteries... Même une réaction aussi simple que l'hydrogénation du benzène en cyclohexane (C6H6 + 3H2 → C6H12) nécessite une installation chimique d'apparence complexe comme le montre la photo ci-contre ; la cinétique chimique, la physico-chimie, le génie chimique sont les sciences principales qui permettent, malgré cette complexité, de rendre disponibles les produits chimiques de synthèse à des prix de plus en plus faibles.

Une deuxième classe d'application concerne la stabilisation des matériaux ; la dégradation d'un matériau est souvent chimique, due en particulier à l'oxydation par l'air, à l'action de l'eau ou à l'action des rayons ultraviolets provoquant des réactions photo-induites dans le matériau. Il est important de déterminer quantitativement quels ingrédients, incorporés au matériau sous une forme et à une concentration précises, rendront ces réactions les plus lentes possibles. Ainsi le polyéthylène peut être employé dans des objets innombrables, parce qu'on a su le stabiliser par des antioxygènes, en général des phénols substitués engagés à raison de 0,1 à 0,3 p. 100, et par des agents antiultraviolets engagés à des concentrations de 0,05 à 0,1 p. 100 et qui souvent sont des dérivés du benzothiazol ou de la benzophénone.

Une troisième classe d'application se rattache à l'ensemble des sciences de la vie. Les mécanismes des cellules vivantes apparaissent nettement, depuis que toutes les espèces chimiques présentes ont pu être chimiquement caractérisées, c'est-à-dire surtout depuis 1940, comme obéissant aux lois de la chimie : « Cells obey the laws of chemistry » (J. D. Watson, Molecular Biology of the Gene). À une mise en évidence qualitative et globale des mécanismes chimiques correspondant à telle ou telle fonction succède de plus en plus une compréhension fine et quantitative. L'attribution du prix Nobel 1967 de médecine à G. Wald pour ses travaux sur les fondements moléculaires de la vue, en particulier sur les mécanismes chimiques au niveau de la rétine, est significative de l'importance attachée à ces travaux. La connaissance quantitative des phénomènes biochimiques s'accompagne[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : Docteur ès sciences, ingénieur en chef des Mines, directeur général de la Compagnie française d'études et onstruction Technip.

Classification

Médias

Wilhelm Ostwald - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wilhelm Ostwald

Réactions composées - crédits : Encyclopædia Universalis France

Réactions composées

Complexation par lien hydrogène - crédits : Encyclopædia Universalis France

Complexation par lien hydrogène

Autres références

  • ACTIVITÉ, chimie

    • Écrit par
    • 260 mots

    Grandeur introduite par G. N. Lewis, en 1907, pour exprimer les propriétés thermodynamiques des solutions. En effet, l'expression du potentiel chimique d'un composé dans une solution idéale, donné par la relation μ = kT ln N + μ0, où N représente la fraction molaire du composé,...

  • ANTIOXYGÈNES

    • Écrit par
    • 2 339 mots
    • 2 médias
    Du point de vue de la cinétique, la réaction d'autoxydation est caractérisée par l'existence d'une période d'induction au début de la réaction, au cours de laquelle la vitesse est pratiquement négligeable. La vitesse de la réaction croît ensuite rapidement puis se stabilise.
  • CATALYSE

    • Écrit par et
    • 8 394 mots
    • 7 médias
    La cinétique des réactions catalysées est dominée par la vitesse de réaction des centres actifs avec les corps de départ ou la vitesse de libération de ces centres par désorption des produits ; ces deux vitesses étant égales lorsque s'est établi le régime stationnaire, l'étape la plus lente gouverne...
  • COORDINATION (chimie) - Composés de coordination

    • Écrit par et
    • 4 894 mots
    • 4 médias
    Du point de vue cinétique, les complexes inertes présentent des réactions suffisamment lentes pour être étudiées par les techniques conventionnelles. Par contre, pour les complexes labiles (temps de demi-réaction de 10-8 à une seconde), seul le développement de techniques spéciales, telles que...
  • Afficher les 20 références