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CINNA, Pierre Corneille Fiche de lecture

Après la querelle du Cid (1637) et un silence de trois années, Corneille (1606-1684) composa coup sur coup Horace et Cinna (dont les premières représentations eurent lieu en 1640 ou 1641), deux pièces romaines à fin heureuse. Il ne fit éditer Cinna qu'en 1642, pour éviter qu'elle ne tombe trop vite dans le domaine public, mais dut surseoir à la publication jusqu'au 18 janvier 1643 : il était en effet difficile de publier une œuvre sur la clémence et la conjuration au moment où l'on venait d'exécuter Cinq-Mars, qui avait conspiré contre Richelieu.

Une tragédie de la conjuration

Cette pièce est une « tragédie de la conjuration » – genre à la mode et discours sur une réalité politique bien présente en ce temps –, doublée d'une tragédie amoureuse : « Cinna conspire contre Auguste et rend compte de sa conspiration à Émilie, voilà le commencement ; Maxime en fait avertir Auguste, voilà le milieu ; Auguste lui pardonne, voilà la fin. » Tels sont les propres mots de Corneille dans son Discours sur l'utilité du poème dramatique (1660). Deux amants, donc (Émilie et Cinna), conspirent contre celui qui fit tuer, par politique, le père d'Émilie et que Cinna tient pour une sorte de père adoptif. Auguste, las du pouvoir et de ses crimes, consulte Cinna et Maxime (amoureux d'Émilie) : l'un, par amour pour sa belle, veut qu'il règne pour pouvoir le tuer, l'autre lui demande de se retirer. Auguste décide de poursuivre son règne : Cinna hésite, Émilie doute, Maxime trahit via Euphorbe, son conseiller machiavélique. Auguste entre en débat avec lui-même en un grand monologue, prend conseil auprès de Livie, sa femme, et, après avoir entendu Cinna, Émilie et Maxime, décide de pardonner : « Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en convie :/ Comme à mon ennemi je t'ai donné la vie,/ Et malgré la fureur de ton lâche destin,/ Je te la donne encore comme à mon assassin » (V, 3).

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et d'esthétique du théâtre à l'université de Paris-X-Nanterre

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