- 1. Durée du mandat et calendrier électoral
- 2. Jacques Chirac à la conquête du pouvoir présidentiel
- 3. Vote-sanction lors des législatives anticipées de 1997
- 4. La confirmation du malaise de la droite : des élections régionales de 1998 aux européennes de 1999
- 5. Une présidentielle paradoxale, des législatives de confirmation (2002)
- 6. Le référendum perdu sur le traité constitutionnel européen (2005)
- 7. La fin du quinquennat de Jacques Chirac et les élections de 2007
- 8. Un fort mouvement social contre le contrat première embauche (C.P.E.)
- 9. La victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007
- 10. Au terme de douze années de pouvoir
- 11. Bibliographie
CINQUIÈME RÉPUBLIQUE Les années Chirac (1995-2007)
Vote-sanction lors des législatives anticipées de 1997
Jacques Chirac choisit comme Premier ministre un de ses proches, Alain Juppé, secrétaire général du R.P.R., ministre des Affaires étrangères de 1993 à 1995. Les fortes attentes générées par le discours sur la fracture sociale et la volonté de changement vont laisser place rapidement à l'amertume et à l'insatisfaction. Il n'y aura pas d'état de grâce. Les deux têtes de l'exécutif mènent, il est vrai, une politique de rigueur économique : hausse de la T.V.A. (de 18,6 à 20,6 p. 100) et de certaines cotisations sociales, pas de réduction d'impôt, gel du traitement des fonctionnaires... À l'automne de 1995, six mois après sa nomination, le Premier ministre doit faire face à un vigoureux et populaire mouvement social (avec de grandes grèves et des manifestations puissantes qui culminent en décembre) pour la défense de la Sécurité sociale. Beaucoup de Français sont très attachés à ce qu'ils considèrent comme des acquis sociaux et acceptent donc très difficilement tout ce qui semble les remettre en cause. Une partie de l'opinion, ne voyant pas se réaliser les promesses de réduction de la fracture sociale, manifeste de plus en plus son mécontentement et sa déception à l'égard du pouvoir. Les cotes de popularité du président et de son Premier ministre s'effondrent de mai à novembre 1995 et resteront durablement négatives.
Au début de 1997, les prévisions économiques ne sont pas bonnes. Le président pense que le mécontentement social et politique risque de s'aggraver jusqu'au renouvellement de l'Assemblée nationale prévu en mars 1998. Il préfère dissoudre le Parlement en avril 1997 et procéder à des élections législatives anticipées. Il espère ainsi pouvoir conserver plus facilement une majorité parlementaire et relégitimer son pouvoir. Pour la première fois sous la Ve République, une dissolution intervient sans qu'un événement particulier ne semble la justifier (comme la censure du gouvernement en 1962, les événements de mai 1968, l'élection d'un président de la République en 1981 et 1988). Cette « dissolution-surprise » ne fut pas très bien comprise. Le président affirme vouloir donner un nouvel élan à la politique française, accélérer les réformes, placer la France en position forte en Europe avant le passage à la monnaie unique. Beaucoup de Français ont le sentiment que la politique proposée n'est que le prolongement de la politique suivie depuis 1995, alors que l'opinion attend avant tout un changement de gouvernement et de politique générale.
Les deux principales tendances de la droite, le R.P.R. et l'U.D.F., investissent des candidats uniques dans presque toutes les circonscriptions et la campagne électorale est conduite par le Premier ministre. Les partis de gauche n'avaient pas construit un programme de gouvernement mais les socialistes, sous la houlette de Lionel Jospin, avaient réussi à négocier en janvier 1997 un accord électoral partiel avec les Verts et le Parti radical, leur réservant certaines circonscriptions en échange d'un appui accordé par eux dans d'autres. La dissolution surprise permet d'obtenir un accord du même ordre avec le Mouvement des citoyens (M.D.C.) de Jean-Pierre Chevènement et d'adopter une déclaration commune avec le Parti communiste. Celle-ci présente quelques réformes sociales à mettre en œuvre, reconnaît les divergences sur l'Europe, ne prévoit pas de candidatures communes au premier tour mais préserve entre les deux partis un climat pas trop oppositionnel, permettant de bons reports de voix au second tour. Les socialistes font campagne sur un programme social-démocrate de réduction des inégalités, avec quelques mesures phares, dont la création de 700 000 emplois-jeunes et la diminution du temps de travail à 35 heures sans perte de salaires.[...]
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Écrit par
- Pierre BRÉCHON : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)
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