- 1. Durée du mandat et calendrier électoral
- 2. Jacques Chirac à la conquête du pouvoir présidentiel
- 3. Vote-sanction lors des législatives anticipées de 1997
- 4. La confirmation du malaise de la droite : des élections régionales de 1998 aux européennes de 1999
- 5. Une présidentielle paradoxale, des législatives de confirmation (2002)
- 6. Le référendum perdu sur le traité constitutionnel européen (2005)
- 7. La fin du quinquennat de Jacques Chirac et les élections de 2007
- 8. Un fort mouvement social contre le contrat première embauche (C.P.E.)
- 9. La victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007
- 10. Au terme de douze années de pouvoir
- 11. Bibliographie
CINQUIÈME RÉPUBLIQUE Les années Chirac (1995-2007)
Une présidentielle paradoxale, des législatives de confirmation (2002)
La logique d'une élection présidentielle à deux tours est normalement de faire émerger du premier les deux principaux candidats qui s'affronteront dans le duel du second. Ce système est évidemment à haut risque puisqu'une coalition de gauche ou de droite très divisée éparpille ses voix et risque de se trouver éliminée de la compétition. Cela devrait inciter à rechercher des candidatures de rassemblement. Mais, en même temps, l'importance que la présidentielle a prise dans la vie politique française fait que toutes les tendances politiques, y compris parfois les plus marginales, cherchent à être représentées pour exister et se faire entendre.
La règle imposant aux candidats 500 parrainages d'élus est apparu en 2002 très facile à remplir pour différentes raisons (importance du nombre de parrains potentiels, mécontentement de certains élus locaux à l'égard des grandes tendances politiques, stratégies de marketing très poussé des candidats auprès des maires de petites communes rurales, soutien donné à un petit candidat pour affaiblir un des grands candidats de la coalition adverse...). Seize candidats se sont donc disputé les suffrages des électeurs, avec beaucoup de divisions dans chaque camp : trois candidats de l'extrême gauche trotskiste, cinq candidats de gauche, cinq candidats de droite, deux d'extrême droite et un candidat représentant un enjeu thématique (la défense de la ruralité et de la chasse).
Les deux responsables de l'exécutif, candidats après cinq ans de cohabitation, apparaissent comme déjà présélectionnés pour le second tour. Tous les sondages attestent d'ailleurs que les autres candidats sont loin dans les intentions de vote, même si Jean-Pierre Chevènement a semblé à l'automne de 2001 pouvoir devenir un « troisième homme » et si la cote de Jean-Marie Le Pen est à la hausse dans la dernière semaine. Les analyses faites après le scrutin montrent qu'un certain nombre de gens, croyant la sélection des principaux candidats assurée, ne sont pas allés voter, se réservant pour le tour décisif : le 21 avril 2002, l'abstention atteint ainsi un taux record pour ce type d'élection, 28,4 p. 100. D'autres électeurs ont profité de l'occasion d'un tour perçu comme sans enjeu pour voter, non pour celui qu'ils voulaient véritablement voir élu (un des deux principaux candidats) mais pour un petit candidat dont ils savent qu'il n'a pas une stature de présidentiable, qu'il ne sera pas élu, mais dont certaines idées leur plaisent. Jacques Chirac n'obtient que 19,9 p. 100 des voix, un score très faible pour un président sortant mais cependant sensiblement meilleur que celui de Lionel Jospin (16,2 p. 100), devancé par le leader du Front national (16,9 p. 100), qui se qualifie donc contre toute attente. On peut bien sûr incriminer des erreurs dans l'orientation de la campagne socialiste, mais le principal problème est bien l'émiettement du vote et l'importance de l'expression protestataire. Celle-ci a des causes conjoncturelles (un premier tour paraissant déjà joué), mais elle correspond aussi à un désenchantement de plus long terme à l'égard des principales forces de gouvernement et à une orientation plus critique et moins conformiste de l'électorat. Le thème de la montée de l'insécurité dans les banlieues, fortement médiatisé, a probablement aussi favorisé le vote en faveur du leader de l'extrême droite.
La qualification de Jean-Marie Le Pen aboutit à un ralliement presque unanime des candidats et des forces politiques en faveur de Jacques Chirac, pour faire barrage à l'extrême droite. De grandes manifestations ont lieu pendant l'entre-deux-tours pour s'opposer au Front national. Elles culminent le 1[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre BRÉCHON : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)
Classification
Médias
Autres références
-
ASSEMBLÉE NATIONALE (France - Ve République)
- Écrit par Arnaud LE PILLOUER
- 5 795 mots
- 2 médias
L’Assemblée nationale est l’une des deux chambres composant le Parlement français, sous la Ve République, l’autre étant le Sénat.
Cette dénomination provient du tout début de la Révolution française, lorsque les députés du tiers état, rejetant la division de la société en ordres,...
-
CONSTITUTION DE LA Ve RÉPUBLIQUE (France)
- Écrit par Arnaud LE PILLOUER
- 3 433 mots
- 4 médias
Contrairement à une opinion dominante, le texte constitutionnel de 1958 a en partie seulement été inspiré par les idées du général de Gaulle. Certes, rappelé au pouvoir à la suite des événements du 13 mai 1958 et apparaissant aux yeux de tous comme l'unique recours, il a été en mesure d'imposer...
-
PROMULGATION DE LA CONSTITUTION DE LA Ve RÉPUBLIQUE (France)
- Écrit par Wanda MASTOR
- 208 mots
- 1 média
Adoptée par référendum le 28 septembre et promulguée le 4 octobre 1958, la Constitution de la Ve République a pu être présentée au départ comme consacrant un régime parlementaire. Les critères permettant habituellement d'identifier un tel régime sont bien réunis : exécutif bicéphale,...
-
ALGÉRIE
- Écrit par Charles-Robert AGERON , Encyclopædia Universalis , Sid-Ahmed SOUIAH , Benjamin STORA et Pierre VERMEREN
- 41 835 mots
- 25 médias
...est investi par l'Assemblée nationale. De Gaulle se rend à Alger dès le 4 juin et lance le fameux : « Je vous ai compris. » La IVe République se meurt. Le 28 septembre 1958, en Algérie, Européens et musulmans (dont les femmes), réunis en un collège unique, votent massivement en faveur de la Constitution... -
BÉRÉGOVOY PIERRE (1925-1993)
- Écrit par Christian SAUVAGE
- 1 071 mots
- 1 média
Homme politique français. Pierre Bérégovoy est né le 23 décembre 1925 à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime). Son père, un « Russe blanc », capitaine du tsar et menchevik, tient un café-épicerie. À cinq ans, l'enfant est confié à sa grand-mère, qui l'éduquera. Bon élève, il obtient le brevet élémentaire...
-
BICAMÉRISME ou BICAMÉRALISME
- Écrit par Raymond FERRETTI
- 5 328 mots
- 2 médias
Notons que c'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui, puisque le Sénat de laVe République est élu par un collège électoral constitué au niveau départemental et composé de représentants de l'ensemble des collectivités territoriales : les communes bien sûr, mais aussi les départements et les régions... -
BORNE ÉLISABETH (1961- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Blaise MAGNIN
- 1 314 mots
- 2 médias
Haute fonctionnaire et femme politique française, Élisabeth Borne a été Première ministre du président Emmanuel Macron de mai 2022 à janvier 2024. Après Édith Cresson, elle est la deuxième femme à diriger un gouvernement français.
- Afficher les 86 références