- 1. Durée du mandat et calendrier électoral
- 2. Jacques Chirac à la conquête du pouvoir présidentiel
- 3. Vote-sanction lors des législatives anticipées de 1997
- 4. La confirmation du malaise de la droite : des élections régionales de 1998 aux européennes de 1999
- 5. Une présidentielle paradoxale, des législatives de confirmation (2002)
- 6. Le référendum perdu sur le traité constitutionnel européen (2005)
- 7. La fin du quinquennat de Jacques Chirac et les élections de 2007
- 8. Un fort mouvement social contre le contrat première embauche (C.P.E.)
- 9. La victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007
- 10. Au terme de douze années de pouvoir
- 11. Bibliographie
CINQUIÈME RÉPUBLIQUE Les années Chirac (1995-2007)
Le référendum perdu sur le traité constitutionnel européen (2005)
L'année 2005 est marquée par un grand débat sur les questions européennes. Après beaucoup d'efforts, les chefs d'État de l'Union européenne avaient réussi à se mettre d'accord en juin 2004 sur un traité constitutionnel, qui devait ensuite être ratifié dans les vingt-cinq États membres. Ce traité comportait trois parties : deux assez courtes sur les grands principes démocratiques et l'organisation des instances européennes, la troisième sur les politiques économiques et sociales de l'Union.
Le président de la République avait annoncé dès le 14 juillet 2004 sa volonté de soumettre ce traité à un référendum plutôt que de choisir la ratification par les Assemblées réunies en congrès. Cette solution pouvait offrir l'avantage de diviser l'opposition, comme cela avait été le cas lors des référendums européens antérieurs. Elle permettait surtout d'organiser un grand débat démocratique sur cet enjeu capital pour l'avenir de la construction européenne. Le référendum était cependant à haut risque. Certes, les sondages effectués à quelques mois du référendum laissaient présager une confortable majorité en faveur du traité, mais il en avait été de même avant le référendum de 1992 sur le traité de Maastricht, qui n'avait finalement été approuvé que par 51 p. 100 des suffrages exprimés. On sait qu'une campagne électorale sur les questions européennes mobilise facilement les mécontents. Le climat d'insatisfaction ambiant, à la fois contre le déficit démocratique européen et contre le pouvoir en place en France, pouvait donc aboutir à un résultat négatif.
À la fin de 2004, le débat fit d'abord rage à l'intérieur du Parti socialiste. Il fut tranché par un référendum interne auprès des adhérents : 58 p. 100 se déclarèrent en faveur du oui au traité. Cette nette majorité ne désarma pas les oppositions des minoritaires socialistes, mais aussi de l'extrême gauche, du P.C.F., d'une partie des Verts, du souverainisme de droite et d'extrême droite. Le camp du oui était animé par l'U.M.P. et les partisans du président, par l'U.D.F. et par une partie des socialistes et des Verts. Ils mettaient en avant la nécessité de créer une Europe-puissance, plus intégrée, plus efficace dans le concert des nations ; certains insistaient aussi sur la nécessité de développer l'Europe politique pour stimuler l'économie française et européenne. Ne pas adopter le traité aboutirait à la paralysie d'institutions qui n'étaient pas adaptées à une prise de décision entre vingt-cinq États. Les partisans du non ont surtout insisté sur l'orientation libérale de l'Europe qui sortirait renforcée du traité ; beaucoup rejetaient le traité au nom d'une Europe plus sociale, alors que d'autres le refusaient au nom d'arguments nationalistes.
Il faut noter que la campagne fut très active et a fortement mobilisé l'opinion. La courbe des sondages s'est inversée deux fois, en mars et en avril, contribuant ainsi à dramatiser l'issue du scrutin. Cela se traduit dans la participation enregistrée le 29 mai 2005. Le taux d'abstention de 30,6 p. 100 est en effet plutôt modeste, très voisin de celui de 1992 sur le traité de Maastricht. Le non l'emporte nettement avec 54,7 p. 100 des voix. Si l'électorat de droite a majoritairement soutenu le traité, celui de gauche l'a majoritairement repoussé, désavouant en quelque sorte la position officielle du P.S., qui n'a donc pas réussi à faire partager son combat européen. Mais le rejet tient aussi largement à des questions de politique intérieure. Le mécontentement à l'égard du pouvoir, les craintes concernant l'avenir du système social français, la peur d'un renforcement des problèmes sociaux en liaison avec l'intégration[...]
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Écrit par
- Pierre BRÉCHON : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)
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