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CINQUIÈME RÉPUBLIQUE Les années Chirac (1995-2007)

La victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007

À l'automne de 2006, au moment où s'intensifie la pré-campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy apparaît comme la seule personnalité de droite pouvant faire gagner son camp et Ségolène Royal comme la seule pouvant à gauche le concurrencer. Après une campagne interne très active et médiatisée, elle est choisie comme candidate en novembre par 60,6 p. 100 des adhérents, Dominique Strauss-Kahn devant se contenter de 20,7 p. 100 et Laurent Fabius de 18,7 p. 100. À droite, alors que plane encore l'éventualité d'une candidature de Jacques Chirac ou de son Premier ministre, Nicolas Sarkozy est investi par l'U.M.P. après un vote en sa faveur de 98 p. 100 des adhérents, dans un scrutin où il est le seul candidat, tant les jeux semblent déjà faits.

Dix autres candidats réussissent à obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter. Les prétendants sont particulièrement nombreux à gauche puisque, outre Ségolène Royal, trois trotskistes sont sur les rangs : Arlette Laguiller pour L.O., Olivier Besancenot pour la L.C.R., jeune facteur de trente-deux ans, Gérard Schivardi, candidat soutenu par le P.T. Marie-George Buffet, secrétaire nationale du P.C.F., veut rassembler « la gauche populaire et antilibérale », mais elle est concurrencée sur ce terrain par José Bové, leader altermondialiste, opposé au « projet libéral de Constitution européenne ». Les Verts présentent comme en 1995 Dominique Voynet. À droite, le panorama est plus restreint avec Jean-Marie Le Pen qui aimerait réitérer son exploit de 2002 et Philippe de Villiers, adepte des valeurs traditionnelles mais qui reprend de plus en plus les thématiques de l'extrême droite. Deux candidats sont difficiles à classer sur l'échiquier politique : François Bayrou, leader de l'U.D.F., qui était jusque-là un allié très critique de la droite au pouvoir mais qui se présente désormais en centriste indépendant par rapport à la droite et à la gauche ; Frédéric Nihous, candidat de C.P.N.T., qui défend les intérêts des chasseurs et de la ruralité.

Cette campagne fait « bouger les lignes », les principaux candidats sortent des schémas attendus. Nicolas Sarkozy réussit le tour de force de se présenter en homme nouveau, critique du bilan du gouvernement sortant auquel il appartient pourtant. Ségolène Royal défend les valeurs d'ordre et d'autorité, ainsi que la fierté nationale. Le slogan de la « rupture tranquille », affiché par Nicolas Sarkozy, et celui de « l'ordre juste », pour Ségolène Royal, manifestent un grand talent pour ratisser large. Mais les lignes ne bougent pas au point de tout brouiller. Les candidats défendent dans certains domaines des programmes différents, notamment sur la politique économique, libérale d'un côté, redistributive de l'autre.

Cette élection suscite un très vif intérêt dans l'opinion qui tranche avec la morosité de la campagne de 2002. Les nouveaux inscrits sont très nombreux, les émissions de télévision sont très suivies et une demande de participation du simple citoyen très palpable. Internet joue pour la première fois un rôle significatif comme source d'information et d'expression politique dans la campagne. Ce fort intérêt est confirmé dans les urnes puisque l'abstention ne s'élève qu'à 16,2 p. 100 au premier tour et 16 p. 100 au second, des niveaux très proches des records de participation de 1965 et 1974. Le scrutin est marqué le 22 avril par un resserrement des suffrages en faveur des grands candidats : Nicolas Sarkozy obtient 31,2 p. 100 des suffrages exprimés ; Ségolène Royal, 25,9 p. 100 ; François Bayrou, 18,6 p. 100 ; tandis que Jean-Marie le Pen subit un échec important avec seulement 10,4 p. 100. L'image de fermeté de Nicolas Sarkozy, son discours sécuritaire et peu ouvert à l'accueil[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)

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Médias

Jacques Chirac - crédits : Diana Walker/ Time Life Pictures/ Getty Images

Jacques Chirac

Édouard Balladur et Alain Juppé - crédits : Pool Bassignac/ Stevens/ Turpin/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Édouard Balladur et Alain Juppé

Lionel Jospin - crédits : Pierre Boussel/ AFP

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