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CINQUIÈME RÉPUBLIQUE Les années Hollande (2012-2017)

Investiture de François Hollande, 15 mai 2012 - crédits : Bertrand Guay / AFP

Investiture de François Hollande, 15 mai 2012

Après un quinquennat marqué par le style hyperactif de Nicolas Sarkozy, François Hollande avait affiché pendant sa campagne électorale une image diamétralement opposée. Revendiquant le titre de « président normal », se voulant proche du peuple et exemplaire dans son rapport à l’argent, il avait construit une figure de dirigeant politique qui le distinguait point par point de l’ancien président de la République : bonhomie, respect de l’autre dans les débats, humour discret… Et sans doute sa victoire de mai 2012 dut-elle autant à cette contre-image qu’à son programme.

François Hollande fut rapidement confronté à un désaveu de l’opinion, qui lui valut le titre peu enviable de président le plus impopulaire de la Ve République, le fait de ne pas avoir tenu ses promesses électorales lui ayant été particulièrement reproché. Le président n’avait-il pas déclaré au Bourget, au cours de sa campagne, que son ennemi était la finance ? Or, il sembla promouvoir le libéralisme économique en accordant sans contrepartie des avantages inédits aux entreprises, politique qui n’obtint pas les résultats escomptés. Cependant, dans une France où le mécontentement des électeurs à l’égard des gouvernants avait été de plus en plus fort pendant les précédentes décennies, provoquant des alternances politiques assez systématiques, l’impopularité de François Hollande ne fut pas exclusivement due aux décisions qu’il prit. Il en a néanmoins tiré les conséquences, renonçant à une seconde candidature présidentielle. À la fin de son quinquennat, la contestation avait gagné son propre camp et aboutit à l’éclatement du Parti socialiste.

Politique économique et sociale : un long malentendu

Un quinquennat en deux temps

Le mandat de François Hollande connaît deux phases, la premère correspondant au gouvernement de Jean-Marc Ayrault, la seconde à celui de Manuel Valls. Le passage de l’une à l’autre est marqué par un net infléchissement de la politique de l’exécutif. La première est plus sociale, alors qu’au cours de la seconde se développent des thématiques plus libérales. L’inflexion est annoncée par le président dans ses vœux du 31 décembre 2013 (annonce d’un « pacte de responsabilité » entre l’État et les entreprises, programme de réduction des déficits…). Elle se concrétise fin mars 2014 par la nomination à Matignon de Manuel Valls qui, pendant la primaire socialiste de 2011 (désignation du candidat à la présidentielle), avait représenté l’aile droite du parti et n’avait obtenu que 5,6 p. 100 des suffrages. Dès le mois d’août 2014, les ministres les plus à gauche, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Aurélie Filippetti – qui marquent publiquement leur distance vis-à-vis de la politique du Premier ministre – quittent le gouvernement, tandis qu’Emmanuel Macron (ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée) devient ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. Des députés socialistes, qu’on surnomme les « frondeurs », amplifient alors leur opposition à la politique du gouvernement, en accentuant par la même occasion les tendances à l’éclatement du Parti socialiste.

Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault, le 1<sup>er</sup> avril 2014 - crédits : Thibault Camus/ AP/ SIPA

Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault, le 1er avril 2014

Les ministres de la discorde - crédits : Revelli-Beaumont/ SIPA

Les ministres de la discorde

Au cours du quinquennat, le désaveu de l’opinion publique se traduit dans les urnes. En mars 2014, les socialistes perdent de nombreux conseils municipaux, dont 162 dans les 1 052 villes de plus de 9 000 habitants, administrées désormais à 38 p. 100 seulement par la gauche. En 2015, ils perdent 27 départements et ne conservent que 5 régions métropolitaines sur 13.

En fin de mandat, selon un sondage Odoxa du 5 avril 2017, François Hollande est considéré comme un « mauvais président » par 70 p. 100 des Français, ce qui est assez semblable aux scores de son prédécesseur à la même période. On lui reproche surtout sa politique économique et sociale : l’« inversion de la courbe du chômage », selon[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)

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Médias

Investiture de François Hollande, 15 mai 2012 - crédits : Bertrand Guay / AFP

Investiture de François Hollande, 15 mai 2012

Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault, le 1<sup>er</sup> avril 2014 - crédits : Thibault Camus/ AP/ SIPA

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