CINQUIÈME RÉPUBLIQUE Les années Hollande (2012-2017)

Sur les terrains extérieurs

Une politique européenne en demi-teinte

François Hollande est très favorable à la construction européenne. Il avait annoncé, au cours de sa campagne, vouloir demander à l’Union européenne des mesures fortes pour doper sa croissance. Il affirmait même son intention de renégocier le pacte budgétaire européen, adopté en mars 2012, sur la convergence des politiques monétaires et économiques des États membres. Mais la France ne parvient pas à convaincre ses partenaires, elle accepte le pacte budgétaire, et celui-ci entre en application sans changement au début de l’année 2013. François Hollande obtient cependant la mise en place d’un programme de soutien européen à la croissance.

Les relations franco-allemandes sont parfois tendues, notamment à partir de 2015, à propos de la gestion de la crise migratoire. Alors que l’Allemagne fait le choix d’une politique d’accueil assez ample, la France se montre beaucoup plus timorée. Sur la question de la Grèce, le président français s’oppose à la stratégie rigoriste de Berlin et plaide auprès des États membres pour le maintien du pays dans la zone euro, malgré l’importance de sa dette, tout en affirmant sa préférence pour un rééchelonnement des remboursements. En revanche, la concertation de la France et de l’Allemagne est assez efficace dans la crise ukrainienne : Angela Merkel et François Hollande réussissent à mettre autour de la table des négociations les présidents russe et ukrainien, ce qui débouche sur les accords de Minsk en février 2015. La crise ukrainienne n’est pas pour autant réglée, mais elle est gelée par les accords, avec maintien des sanctions de l’UE contre la Russie.

Une politique étrangère très active

François Hollande est très présent sur le terrain des relations internationales, ce dont témoigne le nombre de ses voyages à l’étranger : plus de quarante par an en moyenne, ce qui constitue un record par rapport à ses prédécesseurs ! Ces voyages permettent de faire entendre la voix de la France, mais également de promouvoir à l’étranger la technologie française. Le président et son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, se montrent très actifs dans le domaine des ventes d’armes – notamment d’avions de chasse Rafale à l’Égypte, à l’Inde et au Qatar.

Bien qu’ayant très rapidement retiré les troupes françaises d’Afghanistan, conformément à son programme, François Hollande n’hésite pas à engager la France dans d’autres opérations militaires extérieures. En janvier 2013, les forces françaises interviennent au Mali pour éviter la mainmise d’un mouvement djihadiste sur le pays. Suit une intervention en Centrafrique, où se déchirent factions chrétiennes et musulmanes, et où l’ordre public n’est plus assuré. François Hollande rencontre ainsi plusieurs succès, du moins à court terme, et montre que la France est encore capable d’une politique de puissance sur des terrains extérieurs. Les interventions en Afrique se poursuivent à partir de 2014 avec l’opération Barkhane dans les pays du Sahel, confrontés à des attaques djihadistes.

Même sur le dossier syrien, François Hollande adopte une attitude interventionniste. Comme son prédécesseur, il demande le départ de Bachar al-Assad, soutient la rébellion et appelle à la mise en place d’un gouvernement de transition. Après l’utilisation d’armes chimiques en 2013 par les forces gouvernementales, il envisage une intervention internationale contre le régime syrien. Mais les États-Unis de Barack Obama ne voulant finalement plus intervenir, la France renonce à le faire de manière isolée. Elle s’engage ensuite activement dans la coalition internationale qui s’oppose à l’État islamique (Daech), d’abord en Irak (2014), puis en Syrie (2015). De nombreuses interventions aériennes françaises frappent les bases djihadistes et quelques[...]

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Écrit par

Pierre BRÉCHON : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)

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Investiture de François Hollande, 15 mai 2012 - crédits : Bertrand Guay / AFP — Investiture de François Hollande, 15 mai 2012

Bertrand Guay / AFP

Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault, le 1<sup>er</sup> avril 2014 - crédits : Thibault Camus/ AP/ SIPA — Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault, le 1^er avril 2014

Thibault Camus/ AP/ SIPA

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