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CINQUIÈME RÉPUBLIQUE Les années Sarkozy (2007-2012)

Des réformes économiques... au rythme de la crise

Le programme économique du président est clairement libéral, voulant valoriser le mérite et le travail du salarié, récompenser ses efforts par du pouvoir d'achat (« travailler plus pour gagner plus »), relancer la compétitivité de l'économie, faire maigrir l'État et réduire les dépenses publiques : la Révision générale des politiques publiques doit permettre de rendre un meilleur service à l'usager tout en dépensant moins, l'objectif principal étant le non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Dès son arrivée à la tête de l'État, Nicolas Sarkozy prend des mesures fortes allant dans ce sens, notamment avec la loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat (dite loi T.E.P.A.) d'août 2007 qui défiscalise les heures supplémentaires, créant du pouvoir d'achat et diminuant les charges des entreprises. Elle instaure un crédit d'impôt pour les ménages qui accèdent à la propriété (mesure favorable aux classes moyennes), supprime les droits de succession dans environ 90 p. 100 des cas, tandis que l'impôt de solidarité sur la fortune (I.S.F.) et le bouclier fiscal sont assouplis, ce qui profite aux contribuables les plus riches. Cet ensemble de mesures, surnommé « paquet fiscal », coûteuses pour le budget de l'État, contribue à l'augmentation de la dette et sera en partie revu en fin de quinquennat. L'I.S.F. est alors allégé, mais le bouclier fiscal est supprimé et les droits de mutation du patrimoine augmentent de nouveau.

Les réformes économiques du gouvernement sont affectées par la crise économique mondiale. La dette publique de la France passe de 64 à 86 p. 100 du P.I.B. – alors qu'elle ne devrait pas dépasser 60 p. 100 selon les critères du pacte de stabilité européen –, le déficit budgétaire double au cours du quinquennat, la croissance est négative en 2009 et très faible depuis lors, le chômage progresse (de 7,5 p. 100 au premier trimestre de 2008 à 10,2 p. 100 au deuxième trimestre de 2012), le déficit commercial de la France, croissant depuis 2003, explose ces dernières années, atteignant 70 milliards d'euros en 2011. Des mesures de relance de l'économie (26 milliards d'euros sur 2 ans) sont mises en place à partir de 2009 pour améliorer la trésorerie des entreprises, engager des grands travaux supplémentaires et mieux accompagner ceux qui souffrent de la crise, favoriser le renouvellement du parc automobile (« prime à la casse ») et l'accès à la propriété du logement. Pour relancer la croissance à plus long terme, le président initie en 2010 un grand emprunt « Investissements d'avenir », doté de 35 milliards d'euros, affectés à l'enseignement supérieur et à la recherche, aux pôles de compétitivité des entreprises, aux P.M.E. innovantes, au développement durable et à l'économie numérique. Ces mesures contribuent évidemment à alourdir la dette de la France et à l'éloigner de l'objectif de respect des critères européens.

À partir de 2011, la priorité devient la réduction des déficits publics, pour rassurer les marchés financiers. Un plan d'augmentation des recettes fiscales de 12 milliards d'euros, affectant surtout les ménages favorisés, est lancé en août, complété en novembre par 7 milliards d'euros supplémentaires pour faire face au ralentissement prévu de la croissance. Nicolas Sarkozy plaide pour l'inscription dans la Constitution d'une « règle d'or budgétaire » afin d'imposer aux parlementaires le vote de budgets réellement équilibrés. La réforme n'aboutira pas, faute d'une majorité des trois cinquièmes pour une adoption par le Congrès.

Le 29 janvier 2012, Nicolas Sarkozy annonce la mise en œuvre d'une T.V.A.[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)

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Médias

Nicolas Sarkozy, 16 mai 2007 - crédits : Patrick Aventurier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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