CIRQUE
Le cirque dans le monde
L'évolution du cirque s'est poursuivie dans les mêmes conditions en Europe et sur le Nouveau Continent. Les artistes, voyageurs par destination, anciens ou nouveaux venus, apportent avec leurs techniques des habitudes que les entrepreneurs de spectacle mettent immédiatement à l'épreuve.
Après Philip Astley, le créateur du cirque moderne en Angleterre, son fils John lui succédant monte le Pavillon olympique : ce qualificatif sert partout depuis que le nom du premier cirque parisien des Franconi est à la mode. De grands directeurs de cirque anglais se succéderont, plus nombreux encore qu'en France, et essaimeront dans les nombreuses colonies britanniques, jusqu'à Bertram Mills, l'un des grands organisateurs de spectacles des années soixante.
C'est Christophe de Bach qui en 1807 établit, sur le Prater de Vienne, le Circus gymnasticus. Dans le milieu du siècle, après l'installation à Berlin du Cirque olympique de Paris, Ernst Renz, directeur d'une troupe équestre, prend la relève du cirque français qui lui abandonne en location, pour plusieurs années, l'établissement qu'il pensait occuper durant l'hiver. Renz suscitera dans les pays centraux de nombreux concurrents. Le développement des cirques allemands ne cessera qu'après l'introduction dans les pistes des spectacles d'animaux que l'expansion coloniale allemande favorisera jusqu'à la Première Guerre mondiale.
Entre 1830 et 1840, des troupes équestres françaises vont exploiter les grandes villes espagnoles. Et ce sont des écuyers français qui, entre 1840 et 1850, révèlent au public russe les ressources spectaculaires des artistes français partis à la conquête de toute l'Europe au moment du développement des chemins de fer. Paul Cuzent, un écuyer, devient le directeur du premier cirque de Moscou construit en 1849. Après sa disparition, ce ne sera qu'à la fin des années soixante qu'un Allemand, Hinné, viendra à Saint-Pétersbourg et construira un cirque baptisé plus tard cirque Ciniselli, du nom d'un écuyer formé aux traditions de l'école française d'équitation, sous Louis-Philippe. Depuis, le cirque russe est réputé par sa tenue et par la technique éprouvée des artistes distingués qui le servent encore aujourd'hui.
Le succès des hippodromes parisiens et de leurs spectacles équestres incita Seth Howes, un entrepreneur des États-Unis, à monter un établissement analogue avec le concours de Victor Franconi, l'un des créateurs à Paris du premier hippodrome. Les États-Unis possédaient déjà des cirques. Le premier, construit à Philadelphie en 1793par John Bill Ricketts, un écuyer, n'était qu'un modeste amphithéâtre. L'immensité du territoire yankee rendit obligatoire l'usage des grandes tentes-chapiteaux par les cirques, lors de leurs randonnées vers les nouvelles cités qui se multipliaient jusqu'au lointain Far West. Le cirque américain persévéra et persévère sous sa forme nationale de chapiteau errant, qu'ont adoptée à présent tous les cirques voyageurs. Le cirque américain atteint son apogée, par ses parades, ses attractions et ses curiosités, avec Barnum, et les hippodromes, par leurs défilés, leurs évolutions et leurs courses équestres, avec Buffalo Bill.
Quoi qu'il en soit, le cirque demeure. Dans tous les pays du monde, un renouvellement s'annonce par un retour aux sources et par une révision des habitudes et des méthodes d'exploitation. Partout, dans les vieux pays comme dans les pays neufs, de nouvelles générations d'artistes s'apprêtent à perpétuer un spectacle qui, ayant de telles traditions, ne peut disparaître.
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Écrit par
- Didier MÉREUZE
: journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à
La Croix - Tristan RÉMY : homme de lettres
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