CIRRIPÈDES
Les Sessilia
L'aspect des sessilia, diffère considérablement de celui des pédonculés. En effet, chez Balanus, le pédoncule a disparu et le capitulum est directement soudé à un substrat solide, le plus souvent un rocher. Le squelette comprend une base fixée au support et sur le pourtour de laquelle est soudée une muraille, en général tronconique, formée de huit plaques au plus, qui se chevauchent latéralement. La muraille est fermée à sa partie supérieure par un appareil operculaire comprenant deux scuta et deux terga, homologues des pièces du même nom observées chez les pédonculés. L'organisation interne est semblable à celle qui est décrite chez Lepas, de même que le mode d'alimentation ; les cirres s'étendent à l'extérieur, dans l'entrebâillement des pièces operculaires et leurs mouvements créent un courant qui amène les particules nutritives à la bouche. L'opercule se referme pour protéger l'animal contre les agresseurs ou contre la dessication, à marée basse, quand il s'agit de formes vivant dans la zone des marées.
Parmi les Sessilia, on distingue ceux qui sont désignés couramment sous le nom collectif de balanes (sous-ordre des balanomorphes ou Balanomorpha). Ces représentants de loin les plus nombreux des Sessilia peuvent s'observer à marée basse sur les rochers, les pierres, les coquilles vivantes ou mortes. Innombrables, en formations serrées et soudées les unes aux autres, ils recouvrent parfois de façon plus ou moins continue de larges surfaces. Chaque espèce possède son domaine préférentiel. Celui des Balanus balanoides se situe à un niveau légèrement inférieur à celui des Chthamalus stellatus, mais avec un très large chevauchement. On rencontre encore successivement, en s'éloignant de la côte, Balanus perforatus, puis Balanus crenatus ; on trouve occasionnellement ce dernier sur les rochers découverts aux plus grandes marées.
Le genre Balanus, très commun dans la zone des marées, compte plus de cent espèces, distribuées dans toutes les mers, certaines atteignant des profondeurs supérieures à 100 mètres. Si celles qui sont mentionnées plus haut mesurent au plus 20 millimètres de diamètre, d'autres sont bien plus grandes, le record de taille revenant à une espèce de Patagonie, Balanus psittacus, dont le diamètre atteint 8 centimètres et la hauteur 15 centimètres.
La distribution de certaines espèces est souvent très étendue, en raison notamment des possibilités de transport sur des objets flottants. C'est vraisemblablement sur la coque d'un navire qu'étaient fixés les Elminius modestus, espèce néo-zélandaise, voisine des Chthamalus par la taille et l'aspect, qui, signalée pour la première fois sur la côte anglaise vers 1950, s'étend d'année en année sur les côtes occidentales européennes.
La plupart des balanes sont habituellement fixées aux rochers, mais elles prospèrent aussi sur des objets flottants. Sur les coques de navires, elles viennent souvent au premier rang parmi les organismes encroûtants. On peut estimer que la diminution de vitesse qui résulte de leur présence, jointe au coût des carénages qu'elles rendent nécessaires, représente pour l'économie mondiale une perte qui s'élève annuellement à plusieurs millions d'euros.
Coquilles et carapaces d'animaux vivants servent parfois de support à des balanes, mais il existe également, parmi les balanomorphes, des genres exclusivement adaptés à cet habitat : les Chelonobia sont fixées sur les carapaces de tortues et les Coronula, sortes de grosses balanes dépassant 5 centimètres de diamètre, sur les téguments des baleines.
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Écrit par
- Jacques FOREST : professeur émérite, Institut océanographique
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