CISNEROS FRANCISCO JIMÉNEZ DE (1456-1517) cardinal espagnol
Issu d'une famille de noblesse ancienne mais sans fortune, Cisneros étudie le droit et la théologie à Salamanque. Après un séjour prolongé à Rome, il exerce différentes fonctions ecclésiastiques. En 1484, il entre chez les franciscains de Tolède, puis mène une existence érémitique dans des couvents du plateau castillan, celui du Castañar et celui de la Salceda dont il devient supérieur.
Le cardinal González de Mendoza, archevêque de Tolède, le recommande à la reine Isabelle la Catholique qui le choisit comme confesseur en 1492. Il n'accepte l'archevêché de Tolède que sur ordre du pape en 1495 et renonce délibérément à la vie luxueuse que menaient ses prédécesseurs. Le nouveau prélat est, d'ailleurs, déjà engagé dans la réforme des ordres monastiques, autorisée par le pape Alexandre VI dès 1491 à la demande des Rois Catholiques. En 1494, en tant que vicaire provincial de Castille, Cisneros entreprend d'abord la réforme de son ordre et manifeste une rare fermeté lors de ses démêlés avec ses supérieurs pour ramener les Franciscains à une observance plus stricte de la règle et à un idéal de vie plus austère. Grâce à l'aide du pape, il vient à bout de ces difficultés en 1498 (cf. José García Oro, Cisneros y la reforma del clero español en tiempo de los Reyes Católicos, Madrid, 1971) ; la réforme s'étend à d'autres ordres, tels que Dominicains, Bénédictins, Hiéronymites, Augustins, et même aux monastères féminins. Pendant ce temps, une nouvelle tâche attend Cisneros qui accompagne ses souverains à Grenade en 1499. L'évangélisation des Maures, depuis la conquête de 1492, s'y accomplit avec une lenteur et une douceur qui ne facilitent pas les conversions. Cisneros change de méthode, opère des conversions en masse, transforme les mosquées en églises, fait brûler un certain nombre d'ouvrages islamiques ; une rébellion des Maures ayant éclaté dans les montagnes non loin de Grenade, Cisneros la réprime durement et impose aux révoltés le choix entre le baptême et l'expulsion ; désormais appelés morisques, ils perdent la jouissance de certains droits (1501). Cette intransigeance de Cisneros va de pair avec sa conception de l'idéal religieux et avec l'esprit de croisade qui souffle sur les souverains espagnols : c'est ainsi que, après la mort d'Isabelle la Catholique, le futur cardinal prend l'initiative d'une série d'expéditions contre l'Afrique du Nord, qui aboutissent à l'occupation de points stratégiques comme Oran (1509). Mais, auparavant, à la mort de Philippe le Beau, gendre de Ferdinand le Catholique, ce dernier charge Cisneros de gouverner l'Espagne (1506). Pour ses compétences administratives, le roi, à son retour d'Italie, lui fait attribuer la double récompense de la pourpre cardinalice et de la nomination à la charge de Grand Inquisiteur (1507). Cisneros poursuit, sans trêve, dans le domaine universitaire, une politique de réformes qui remonte au début du siècle et n'est pas sans rapport avec la réforme du clergé. Chargé par la reine de Castille de visiter les universités de Salamanque et de Valladolid (1500-1501), Cisneros y avait constaté avec regret la prédominance des études de droit sur celles de théologie. En 1506, il décide donc de créer une nouvelle université non loin de Tolède, à Alcalá de Henares. Celle-ci, appelée la Complutense, donne la priorité aux études de théologie en liaison étroite avec les lettres profanes : l'étude des langues classiques permettra l'accès à la Vulgate et aux Pères de l'Église, l'étude obligatoire de l'hébreu complétée par celle de l'arabe et du chaldéen invitera à une connaissance approfondie de l'Ancien Testament. En 1509, le cardinal Cisneros se retire à l'université d'Alcalá pour participer à l'élaboration de la fameuse Bible[...]
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Écrit par
- Marie-France SCHMIDT : agrégée d'espagnol, maître à l'université de Paris-VIII
Classification
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