CITÉ DES SCIENCES ET DE L'INDUSTRIE
La Cité des sciences et de l’industrie, un projet de culture scientifique et technique
À son ouverture en 1986, la Cité des sciences et de l’industrie, présidée par Maurice Lévy, qui en compare la superficie à celle de la place de la Concorde, est alors la plus grande institution de ce type du monde. Au-delà de la présentation de contenus innovants, son ampleur (trois hectares au sol et sept niveaux) la conduit d’emblée à viser un large public, ce qui va marquer jusqu’à aujourd’hui sa politique d’offres dans un domaine où les pratiques sont multiples.
Dès le début, les grandes expositions thématiques (temporaires et permanentes) mettent en valeur les avancées techniques, comme Maurice Lévy l’a défini sept ans plus tôt dans son rapport, mais connaissent quelques réserves de la part de professionnels en dépit de leur forte fréquentation… Des membres de la communauté scientifique regrettent de ne pas y retrouver suffisamment leurs propos dans une scénographie très prégnante. Plus globalement, les associations de culture scientifique et technique, ainsi que les musées de sciences naturelles français, s’inquiètent d’un pilotage des savoirs scientifiquespar cette nouvelle institution qui s’appuie sur des moyens disproportionnés aux leurs et selon un modèle culturel qui ne prend pas en compte la diversité des pratiques. Il se développe en effet en France, depuis les années 1970, de nombreuses actions de médiation mettant en contact des chercheurs et ingénieurs avec les jeunes et les adultes dans les musées, les écoles et centres de vacances, voire hors de toute institution comme pour les animations de « Physique dans la rue » lancées en 1973. Certains acteurs de la culture scientifique et technique soulignent de plus que l’appropriation des connaissances scientifiques et techniques s’inscrit dans la perspective de choix de société et ne réduit pas les notions de progrès et d’innovation aux possibilités technologiques. Emportée pour partie par la nécessité d’une fréquentation à la hauteur de ses moyens et de sa superficie, la Cité des sciences et de l’industrie développe de grandes expositions attractives, mais peinera, en dépit de ses efforts, à être le pilote d’une politique nationale et à établir une collaboration fructueuse avec les autres acteurs de la culture scientifique et technique en France. L’interruption de sa mission de gouvernance nationale de la culture scientifique et la régionalisation des actions de culture scientifique par une loi de 2013 peuvent constituer une opportunité pour la Cité des sciences et de l’industrie, en favorisant un dialogue plus équilibré entre acteurs français de ce domaine et en prenant davantage en compte la diversité des pratiques dans et hors des musées.
L’abondance des éléments interactifs présents dans les expositions a constitué d’emblée un élément attractif pour le public. Leur importance, influencée par les démarches développées dans les musées scientifiques anglo-saxons, a bénéficié, à l’époque de l’ouverture de la CSI, de l’essor des nouvelles technologies, électroniques et audiovisuelles, valorisant ainsi ces dernières alors qu’elles commençaient à pénétrer l’espace domestique. Un second élément explique le succès de la Cité des sciences et de l’industrie : la création d’un espace spécifiquement destiné au jeune public, l’Inventorium, qui croise l’excellence des expériences des Children’s Museums nord-américains et de l’enseignement français pour la petite enfance. Rapidement submergé par la demande du public familial, cet espace va bénéficier de deux extensions successives et prendre le nom de Cité des enfants.
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Écrit par
- Michel VAN-PRAËT : professeur émérite au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Médias
Autres références
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MUSÉES DES SCIENCES ET TECHNIQUES
- Écrit par Bruno JACOMY
- 6 416 mots
Le palais de la Découverte a été regroupé avec la Cité des sciences et de l'industrie dans un nouveau grand établissement, Universcience, fondé en 2009.