CIVILISATION ROMAINE (notions de base)
Le pouvoir chez les Romains
La réussite de Rome s’explique par un sens très pragmatique de l’organisation et du pouvoir politique. Les institutions républicaines permirent d’abord à la cité de se doter d’instruments efficaces de conquête. Le principat, nouveau régime fondé par Auguste, permit de pacifier l’Empire et d’assurer une bonne administration des provinces aux siècles suivants.
Les institutions de la Rome républicaine
Du ive au iie siècle avant J.-C., les institutions romaines étaient organisées autour de trois acteurs principaux : le peuple réuni en assemblées (comices), des représentants élus (magistrats) chargés du pouvoir exécutif, et le Sénat réunissant les citoyens les plus éminents.
Le régime était censitaire et oligarchique. Chaque citoyen voyait sa place dans la vie politique déterminée par sa fortune, qui était recensée. Le système électoral fonctionnait ainsi sur le vote par groupes classés selon les richesses. Plus un citoyen était riche, plus sa voix comptait. De fait, seule une élite restreinte, composée des sénateurs et des chevaliers (ordre équestre), dirigeait réellement la République. Elle contrôlait les votes par son autorité morale et son éloquence, mais aussi par les liens du patronage avec ses clients, citoyens moins riches ayant troqué leur liberté de vote contre une protection. L’équilibre du régime reposait donc sur un consensus entre l’ensemble des citoyens et les grandes familles aristocratiques qui alternaient aux affaires.
Ces institutions se révélèrent inadaptées pour gérer un vaste Empire. Les débats politiques sur les conséquences des conquêtes et les réformes à conduire tournèrent, avec les frères Gracques, à l’affrontement entre deux groupes politiques dans le cadre de guerres civiles à partir des années 130 avant J.-C. : les optimates, favorables aux intérêts des grandes familles, et les populares, partisans des réformes au profit du peuple. Ces guerres civiles entraînèrent plusieurs dictatures – pleins pouvoirs accordés exceptionnellement à un seul homme – de chefs militaires (imperatores). Au cours du ier siècle, Marius, Cinna, Sylla, César n’hésitèrent pas à bouleverser les règles institutionnelles et à faire assassiner leurs adversaires.
Les nouveaux pouvoirs du prince
Soucieux de mettre un terme aux guerres civiles, l’imperator Octave (63 av.-14 apr. J.-C.), victorieux de ses adversaires, fonda un nouveau régime, le principat. Tirant les leçons de l’échec de son oncle, Jules César, assassiné parce qu’il voulait être roi, il masqua la vraie nature du nouveau régime, monarchique, pour se présenter comme le restaurateur des institutions républicaines.
En 27 avant J.-C., Octave prit le nom d’Augustus, signifiant « consacré » en latin. À travers ce surnom, il entendait se placer au-dessus du commun des mortels. Auguste maintint effectivement la plupart des institutions traditionnelles, mais en les accaparant ou en les contrôlant toutes, s’arrogeant un pouvoir total. Il était premier (princeps, qui a donné prince en français) du Sénat, fut réélu régulièrement consul, possédait le pouvoir de commandement militaire (imperium), devint grand pontife (pontifex maximus), c’est-à-dire chef de la religion civique, etc.
La question de la succession se posa durant tout son règne, soulignant l’ambiguïté du régime. En théorie prévalait le choix du meilleur, dans la tradition républicaine. Dans les faits, Auguste imposa une politique dynastique, associant à son pouvoir différents membres de sa famille. Ses héritiers directs morts précocement, c’est finalement son beau-fils, Tibère (42 av. J.-C.-37 apr. J.-C.), qui lui succéda. Par la suite, le choix de l’empereur revint de plus en plus fréquemment aux soldats de la garde du palais (les prétoriens) ou aux légions stationnées dans les provinces.
Malgré ces crises de succession chroniques,[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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