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CLAIR GÉRARD RÉGNIER dit JEAN (1940- )

Des thématiques transversales

Cette dimension polémique ne doit pas éclipser la part primordiale de son œuvre : Jean Clair est avant tout à l’origine d’expositions remarquables. Le commissaire remet parfois au goût du jour des pans entiers de la création autrefois dénigrés pour des raisons idéologiques (une veine picturale figurative dans La Nouvelle Subjectivité, festival d’Automne à Paris-Fondation Rothschild, 1976, et Les Réalismes, Centre Georges-Pompidou, 1980) ou historiques (Vienne, 1880-1938 : l'apocalypse joyeuse, Centre Georges-Pompidou, 1986). Il décrit à maintes reprises le dialogue entre la science et l’art au travers de la représentation, en montrant combien les découvertes scientifiques ont généré des images qui ont inspiré les artistes – notamment dans l’Âme au corps : arts et sciences, 1793-1993 (Galeries nationales du Grand Palais, 1993), mais aussi lorsqu’il assure en 1995 le commissariat de la biennale de Venise, édition marquant le centenaire de cette manifestation internationale, avec l’exposition Identité et Altérité, figures du corps. Plus tard, il déroule l’histoire de la conquête de l’espace, des paysages désolés de Caspar David Friedrich aux plus récentes images des galaxies lointaines envoyées par le télescope Hubble (Cosmos. Du romantisme à l’avant-garde, musée des Beaux-Arts de Montréal, 1999).

En 2005, il met en lumière la permanence, de l’Antiquité à l’âge contemporain, d’une tendance mélancolique dans la création artistique (Mélancolie. Génie et folie en Occident, Galeries nationales du Grand Palais, Paris). Il s’intéresse enfin à la manière dont l’iconographie de la criminologie a influencé l’art du xixe siècle dans l’exposition Crime et châtiment (musée d’Orsay, 2011), dont le parcours ouvre sur une guillotine voilée de noir.

L’apport de Jean Clair à l’histoire de l’art tient à cette volonté de la décloisonner, en confrontant notamment des œuvres d’art à des artefacts scientifiques (par exemple des cires anatomiques, des instruments d’optique), et les théories de l’art à des disciplines telles que la psychanalyse, la psychiatrie, etc. Cette transversalité est atteinte grâce à une grande curiosité intellectuelle et une importante faculté d’analogie qui lui permet de rapprocher des éléments supposés épars et inconciliables. Les expositions organisées par Jean Clair demeurent ainsi une tentative rare d’ouverture et de confrontation des savoirs, à l’heure où la discipline de l’histoire de l’art, dans un mouvement de repli, pousse au contraire les étudiants à atomiser, hyperspécialiser la connaissance.

— Richard LEYDIER

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Média

Jean Clair - crédits : Eric Fougere/ VIP Images/ Corbis Entertainment/ Getty Images

Jean Clair

Autres références

  • BIENNALE DE VENISE

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  • PICASSO MUSÉE, Paris

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