ZETKIN CLARA (1857-1933)
Née à Wiederau dans une famille d'instituteurs polonais, Clara Eisner (devenue, après son mariage, Clara Zetkin) est élève au collège d'enseignement pour jeunes filles de Leipzig, où elle subit l'influence du féministe August Schmidt. Dès cette époque, elle établit des contacts avec le Parti social-démocrate allemand qui vient de se constituer, et elle s'y inscrit en 1881. Institutrice elle-même, elle est acquise aux conceptions marxistes par le militant russe Ossip Zetkin (1848-1889). En Allemagne, Clara Zetkin collabore au journal socialiste Le Social-Démocrate. Passionnée par les problèmes de la condition féminine, elle a fait sienne la formule d'Engels : « Dans la famille, l'homme est le bourgeois ; la femme joue le rôle du prolétariat. » Au congrès de fondation de l'Internationale socialiste à Paris en 1889, Clara Zetkin présente le rapport sur le travail politique auprès des femmes. Présidente de l'Organisation socialiste des femmes allemandes, responsable du Secrétariat féminin de l'Internationale, elle fonde, en 1892, le journal Gleichheit (Égalité), qu'elle dirige et anime jusqu'en 1917.
En août 1914, elle est la seule responsable du Parti social-démocrate allemand à répondre à l'appel internationaliste de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg, avec laquelle elle est très intimement liée ; au congrès social-démocrate d'Essen, en 1907, elle avait déjà combattu le patriotisme de l'aile droite du parti. Initiatrice de la Conférence internationale des femmes à Berne, en 1915, elle est écartée de la direction du Gleichheit après un article sur la lutte contre la guerre. Elle est arrêtée et internée pour ses activités politiques de juillet à octobre 1915 et de nouveau au début de l'année 1916 ; mais son état de santé oblige le gouvernement impérial à la libérer. En 1916, elle participe à la création du groupe Spartakus.
En 1917, Clara Zetkin participe au congrès de la fondation du Parti social-démocrate indépendant (scission de la social-démocratie, emmenée par Karl Kautsky notamment). Mais elle s'aligne sur les positions de la minorité spartakiste, dirigée par Liebknecht et Luxemburg : refus du pacifisme, car seule la révolution prolétarienne apportera une paix durable ; pour cela, une Internationale structurée est indispensable. Amie de longue date de Lénine, elle accueille avec espoir la révolution d'Octobre, mais demeure en Allemagne. En 1918, elle collabore au quotidien spartakiste Rote Fahne (Drapeau rouge). Sa santé l'empêche d'assister au congrès de fondation du Parti communiste allemand (janv. 1919) ; elle est également absente de Berlin lors de la semaine sanglante qui voit la mort de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht.
Rétablie, Clara Zetkin est élue membre de la direction du Parti communiste avec Paul Levi. Après la nouvelle tentative d'insurrection de mars 1921, elle quitte la direction avec ce dernier pour protester contre le dirigisme de l'exécutif de l'Internationale communiste. Mais elle ne suit pas Levi dans sa critique radicale du « gauchisme » du jeune Parti communiste. Après un séjour à Moscou, elle est persuadée que Levi est un « renégat » et reprend sa place à la direction du parti. Élue député au Reichstag en 1920, puis, en 1921, membre du comité exécutif de l'Internationale communiste, elle s'élève de nouveau en 1923, après l'échec de l'insurrection de Hambourg, contre les critiques adressées à la direction du Parti communiste allemand. Après la mort de Lénine, son influence décroît, mais elle n'hésite pas pour autant à mettre en cause la politique de l'Internationale ; là encore, elle ne va pas jusqu'au bout et elle laisse exclure Brandler et ses amis du parti. De même, en 1929-1930, elle tente de défendre les boukhariniens : les exclusions et le sectarisme qui envahissent l'Internationale[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul CLAUDEL : maître en histoire et géographie
Classification
Autres références
-
ZIMMERWALD CONFÉRENCE DE (1915)
- Écrit par Paul CLAUDEL
- 942 mots
L'Europe est en guerre depuis treize mois lorsque s'ouvre le 5 septembre 1915 à Zimmerwald, près de Berne, la première conférence socialiste internationale depuis l'effondrement de l'Internationale socialiste en août 1914. Les tentatives de renouer des liens internationaux ont été nombreuses...