- 1. La conception marxiste des classes sociales
- 2. Une référence centrale et controversée
- 3. La critique wébérienne de la conception marxiste
- 4. Les critiques dominantes de la conception marxiste
- 5. Bourdieu, Marx et Weber
- 6. Conditions sociales, habitus et styles de vie
- 7. Champs et classes sociales
- 8. Classes sur le papier et classes mobilisées
- 9. Bibliographie indicative
CLASSES SOCIALES Penser les classes sociales
Bourdieu, Marx et Weber
Dans La Distinction (1979), Pierre Bourdieu, en qui Jeffrey Alexander (2000) croit voir « l'incarnation d'une théorie néo-marxiste », propose une topologie de l'espace social différencié en « classes ».
Mais la rupture avec le marxisme, qu'opère Bourdieu pour construire cette théorie de l'espace social, est au moins double. Rupture, d'une part, avec l'économisme qui conduit à réduire le champ social, espace multidimensionnel, au seul champ économique, aux rapports de production économique, constitués en coordonnées de la position sociale. Rupture, d'autre part, avec « l'illusion intellectualiste qui porte à considérer la classe théorique construite par le savant, comme une classe réelle » et « qui conduit à ignorer les luttes symboliques dont les différents champs sont le lieu et qui ont pour enjeu la représentation même du monde social » (Bourdieu, 1984).
Bourdieu récuse également la distinction qu'opère Weber entre « classes » définies par leurs conditions matérielles d'existence et « ordres » définis par leur position dans la hiérarchie de l'honneur et du prestige. Cette distinction résulte, en effet, selon lui, « du choix d'accentuer l'aspect économique ou l'aspect symbolique, qui coexistent toujours dans la réalité (en des proportions différentes selon les sociétés et selon les classes sociales d'une même société) ». En fait, « les différences proprement économiques sont redoublées par les distinctions symboliques dans la manière d'user de ces biens [...] qui transforme les biens en signes, les différences de fait en distinctions signifiantes » (Bourdieu, 1966).
Comme Marx, Bourdieu considère qu'il existe entre les agents des relations objectives qui dépendent de la distribution du capital détenu par ces derniers (de son volume et de sa composition) : ces relations objectives définissent les structures de l'espace social et s'imposent à tous indépendamment de leurs volontés. En d'autres termes, « le réel est relationnel », organisé par des relations objectives qui existent indépendamment des consciences et des volontés individuelles : l'espace social est défini par l'exclusion mutuelle, ou la distinction, des positions qui le constituent.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gérard MAUGER : directeur de recherche émérite au CNRS
Classification
Médias
Autres références
-
ALTHUSSER LOUIS (1918-1990)
- Écrit par Saül KARSZ et François MATHERON
- 4 570 mots
...se différencient de leur homonyme sociologique par leur caractère tridimensionnel : ils sont à la fois économiques, politiques et idéologiques. Les classes sociales constituent ainsi des configurations éminemment complexes et mouvantes. Par là, pas d'identification entre analyse marxiste et analyse... -
ANTHROPOLOGIE POLITIQUE
- Écrit par Georges BALANDIER
- 5 811 mots
- 1 média
Maisle concept de classes sociales fait problème ; son usage en anthropologie reste limité ou ambigu. La théorie marxiste paraissait elle-même inachevée, ou hésitante, en ce domaine ; et les ethnographes soviétiques reconnaissaient la difficulté en utilisant le terme « protoclasse ». La question de... -
ANTHROPOLOGIE ÉCONOMIQUE
- Écrit par Maurice GODELIER
- 5 153 mots
...problème reste celui du développement de l'inégalité dans les sociétés primitives et des conditions et voies d'apparition de formes primitives d'État et de classes sociales. Il est utile de rappeler que, dès ses formes les plus primitives, la société archaïque comporte déjà, sur la base de la division sexuelle... -
ANTHROPOLOGIE DES CULTURES URBAINES
- Écrit par Virginie MILLIOT
- 4 429 mots
- 3 médias
...espace polémique. Les sociologues étudiant les phénomènes de violence et d’anomie dans les ghettos sont régulièrement accusés d’adhérer aux théories de l’underclass et de porter un regard misérabiliste sur ces populations. Quant à ceux qui s’intéressent à d’autres aspects de l’organisation sociale des... - Afficher les 71 références