BOLLING CLAUDE (1930-2020)
Pianiste, compositeur et chef d’orchestre, Claude Bolling se jouait des frontières qui séparent, en Europe, œuvres classiques, jazz, chanson et musique de film. Il aura été l’un des ultimes défenseurs du mainstream, c’est-à-dire de l’ère du swing.
Né le 10 avril 1930 à Cannes, Claude Bolling grandit à Paris. Dès l’enfance, il montre des talents pour le dessin puis la musique. Durant l’Occupation, il séjourne sur la Côte d’Azur, chez sa grand-mère maternelle. Il y fait un premier apprentissage du piano et découvre le jazz grâce à Marie-Louise Colin, multi-instrumentiste au sein des orchestres féminins qui se produisent dans la région. De retour à Paris en 1944, il remporte un tournoi d’amateurs organisé par le Hot Club de France l’année suivante. Il suit des cours d’harmonie et de composition tout en fréquentant assidûment les clubs de jazz du quartier Saint-Germain-des-Prés. Il commence alors à se produire en professionnel. Ses premiers enregistrements, en sextette, datent de 1948. Il accompagne nombre de musiciens américains en visite dans la capitale française : Roy Eldridge, Lionel Hampton, Rex Stewart, Cat Anderson, Paul Gonsalves, Kenny Clarke ou Thad Jones.
En 1956, le pianiste crée un big band qui perpétue la tradition des orchestres swing de la grande époque : Count Basie, Benny Goodman et surtout Duke Ellington. Son répertoire et sa discographie se construisent essentiellement sur des reprises mais aussi sur ses propres compositions ; son jeu puise ses influences chez Earl Hines et Fats Waller. La formation rassemble des interprètes de haut niveau – Roger Guérin, Gérard Badini, Pierre Michelot – et se produira jusqu’en 2014, date à laquelle le batteur Vincent Cordelette et le pianiste Philippe Milanta assumeront la succession. Également arrangeur du Show Biz Band, Bolling y met en valeur d’excellents solistes comme Claude Tissendier, André Villéger et Michel Delakian.
Dans les années 1960, Boris Vian fait appel à lui pour l’arrangement de certaines de ses chansons. Cette collaboration lui ouvre les portes de la musique de variété : il écrit pour Brigitte Bardot (« La Madrague »), Juliette Gréco, Henri Salvador, Sacha Distel, Dario Moreno. Il fournit arrangements et tubes (« Il fait trop beau pour travailler ») au groupe Les Parisiennes, quatuor vocal féminin chantant à l’unisson, très en vogue sur les ondes au début des années 1960. Sa collaboration avec des artistes classiques – Jean-Pierre Rampal, Alexandre Lagoya ou encore Maurice André – voit naître une brassée d’œuvres à la croisée de deux univers, dont la plus célèbre reste Suite for Flute andJazz Piano Trio (1973, avec Jean-Pierre Rampal). C’est ce crossover entre répertoires qui sera à l’origine de la notoriété internationale de Bolling. En 1984, il est invité au Canada pour une série de solos, duos et trios, avec Oscar Peterson et Michel Legrand, qui rencontre un grand succès.
Artiste touche-à-tout, Claude Bolling a écrit pour le petit écran une quarantaine de génériques, dont celui desBrigades du Tigre, de Victor Vicas (1974), et participé à de nombreuses émissions télévisées produites par Albert Raisner, Jacques Chancel ou Maritie et Gilbert Carpentier. Pour le cinéma, il compose près d’une centaine de musiques de film parmi lesquelles il faut citer Les Mains d’Orlac (1960, Edmond T. Gréville), Le Jour et l’heure (1963, René Clément), Borsalino (1970, Jacques Deray), Le Mur de l’Atlantique (1970, Marcel Camus), Le Magnifique (1973, Philippe de Broca), Flic story (1975, Jacques Deray), L’Homme en colère (1979, Claude Pinoteau), La Gueule de l’autre (1979, Pierre Tchernia) et Hasards ou Coïncidences (1998, Claude Lelouch) en collaboration avec Francis Lai.
Claude Bolling meurt à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) le 29 décembre 2020.
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Écrit par
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