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CLERSELIER CLAUDE (1614-1684)

Le nom de Clerselier, qui fut avocat au parlement de Paris, reste indissolublement lié à celui de Descartes. Adrien Baillet, dans sa Vie de M. Descartes (1691), dit de lui que « la passion qu'il avoit conçue pour la philosophie et les écrits de M. Descartes se communiqua tellement à sa personne que tous les intérêts de l'un devinrent les intérêts de l'autre ». Du vivant même de Descartes, Clerselier traduisit en français, sur l'original latin, les Objections faites aux Méditations métaphysiques du philosophe, avec les Réponses de ce dernier. Toujours selon Baillet, il fit retoucher à Descartes son Traité des passions de l'âme pour le mettre à la portée du public. Ce n'est pas le moindre de ses mérites que d'avoir procuré l'édition d'œuvres posthumes du philosophe, telles que L'Homme de René Descartes et la formation du fœtus (1664), Le Monde ou le Traité de la lumière (1677), la réédition en 1661 des Méditations métaphysiques. C'est à ses frais qu'il fit imprimer à Paris en 1681 la traduction française de 1647, révisée par lui, des Principia Philosophiae de Descartes. Toutefois, aucune initiative ne contribua plus efficacement à la diffusion des idées cartésiennes que l'édition qu'il procura, sur les instances et, dans une large mesure, sous la tutelle de son beau-frère le diplomate et ami intime de Descartes Hector-Pierre Chanut, des Lettres de M. Descartes, édition en trois tomes parus en 1657, 1659 et 1666. Les nombreuses références à cette correspondance de Descartes que l'on peut relever chez les commentateurs, dans les ouvrages de polémique, aussi bien anticartésiens que cartésiens, dans la seconde moitié du xviie siècle, en Allemagne ou en Hollande comme en France, attestent tout le bien-fondé de ce jugement de Condorcet, qui saluait en Clerselier « l'homme le plus propre à répandre les vérités que Descartes avait enseignées, et qui n'existaient encore que pour un petit nombre de sages ».

On connaît par la tradition Baillet tous les « bons offices » que Clerselier, à Paris, rendit à son ami Descartes, qu'il s'agisse par exemple de sa médiation entre Gassendi et Descartes ou de la défense qu'il assuma avec opiniâtreté des idées cartésiennes contre M. de Roberval. Il convient encore de relever un autre trait, assez méconnu, de sa ferveur cartésienne : Clerselier, authentique citoyen de la république des lettres, qui prit une part si active à la vie intellectuelle de la capitale, fut en relation épistolaire avec des disciples de Descartes hors de France, notamment avec Tobias Andreae à Groningue et Johannes Clauberg à Duisbourg. Il traduisit de ce dernier les Disputationes sur les préjugés de l'enfance, traduction restée inédite et aujourd'hui perdue, comme le sont également les extraits de ses lettres, que l'on peut recueillir sous forme de citations dans les Opera omnia de Clauberg (édition posthume, 1691), l'un des meilleurs avocats de la cause cartésienne.

— Paul DIBON

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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Autres références

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    • 742 mots

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