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HÉLÈNE CLAUDE (1938-2003)

Biologiste français, Claude Hélène a été un acteur majeur du développement de la biologie moléculaire. Son œuvre a contribué à la compréhension des mécanismes du vivant par l'analyse des interactions moléculaires entre les acides nucléiques et les protéines, et la mise au point d'outils pour l'inactivation ciblée des gènes. Ses travaux ont ouvert la voie à un courant scientifique dont découlent nombre de développements thérapeutiques.

Né le 29 janvier 1938 à Chauvigny (Vienne), Claude Hélène a d'abord acquis une culture de physicien et de chimiste à l'École normale supérieure de Saint-Cloud. Après avoir obtenu son agrégation de physique en 1962, il rejoint, au Muséum national d'histoire naturelle, le laboratoire de biophysique créé par Charles Sadron, chimiste des polymères de grand renom, qui aura une influence décisive sur l'avenir scientifique de Claude Hélène. Sous sa direction, il entreprend une thèse sur les acides nucléiques, un domaine à l'interface entre la physique, la chimie et la biologie auquel il restera fidèle pendant quarante ans.

Il soutient sa thèse en 1966 et rejoint le Centre de biophysique moléculaire du C.N.R.S. (Centre national de la recherche scientifique) à Orléans, dont il prend la direction en 1974, à trente-six ans. Ses dons d'animateur ont largement contribué au renom international de cet institut. En 1981, il crée, au Muséum, une unité de recherche I.N.S.E.R.M. qui constituera un outil remarquable à l'interface entre les travaux les plus fondamentaux et leurs applications possibles en santé humaine.

Les travaux de Claude Hélène sont remplis d'imagination et de clairvoyance. Lorsqu'il réalise que le transfert du flux de l'information génétique à travers la cellule vivante passe par des interactions entre les acides nucléiques et les protéines, c'est pour lui une révélation. Il propose, dans un article publié en 1968 dans la revue Nature, que l'une des clés de cette interaction pourrait être l'intercalation de certains acides aminés aromatiques des protéines entre les plateaux des bases de l'ADN. Il va alors tenter de moduler spécifiquement l'expression de certains gènes afin de modifier le programme cellulaire. Pour cela, il synthétise une variété de nouvelles molécules qu'il dessine rationnellement pour qu'elles interagissent spécifiquement avec des régions cibles dans l'ADN. En particulier, il montre que l'on peut utiliser de petits fragments d'ADN en simple chaîne (oligonucléotides) pour former, dans des sites précis de la double hélice d'ADN, des structures à trois brins (triples hélices) qui vont localement bloquer l'expression d'un gène. Cette approche rationnelle se heurte évidemment à la complexité du vivant. C'est pourquoi Claude Hélène améliore constamment son modèle en confrontant, par l'expérience, les molécules qu'il a dessinées à la réalité cellulaire. Ainsi, il imagine de nouvelles molécules qui ne sont pas dégradées dans la cellule avant d'atteindre leur cible. Il augmente leur affinité pour l'ADN en les couplant à des molécules qui s'intercalent entre les bases, ajoute des éléments qui vont, soit induire la coupure de l'ADN à des points précis, soit lier les deux brins pour empêcher localement leur séparation et l'expression des gènes correspondants. En 1999, il imagine et crée des molécules originales, les « oligonucléotides cadenas », qui forment des anneaux autour de l'ADN et peuvent cibler spécifiquement une région avec une affinité quasi infinie.

Chargé d'importantes fonctions dans divers organismes de recherche, (I.N.S.E.R.M., C.N.R.S., Institut Curie, Institut Pasteur, École normale supérieure) et comme membre de l'Académie des sciences, Claude Hélène a également entretenu des relations[...]

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