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LEPELLEY CLAUDE (1934-2015)

Historien de l’Antiquité tardive et de l’Afrique du Nord, Claude Lepelley, né à Saint-Maurice en 1934, est admis à l’agrégation d’histoire en 1957 après de brillantes études. L’année suivante, son affectation le conduit en Tunisie où il enseigne pendant deux ans, avant d’effectuer son service militaire à Alger jusqu’en 1962. Ses années algériennes sont marquées par un engagement humaniste contre l’O.A.S., qui se traduit par la distribution de tracts et la rédaction d’articles pour LeCanard enchaîné. De retour à Paris, ce jeune historien prometteur devient assistant à la Sorbonne, puis à Amiens et à Lille où il occupe également la chaire de professeur d’histoire romaine. Le reste de sa carrière se déroule en région parisienne, à Paris-X-Nanterre, où il est nommé en 1984, ainsi qu’à la section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études où il est chargé de conférences dans les années 1990. Claude Lepelley prend sa retraite en 2001 tout en continuant d’assurer son séminaire de recherche.

L’œuvre de Claude Lepelley est remarquable à la fois par son originalité et par l’empreinte qu’elle laisse sur les études anciennes. Le titre de son premier article paru en 1961, « Saint Léon le Grand et la cité romaine », donne le ton et porte en germe les thèmes que l’historien n’aura de cesse, avec une clarté et une érudition inégalées, de creuser tout au long de son œuvre : le christianisme et ses grandes figures – avec une prédilection particulière pour saint Augustin –, l’histoire sociale, ou encore l’histoire institutionnelle et juridique des cités. Ses contributions majeures ont été réunies dans le volume Aspects de l’Afrique romaine (2001) dont la lecture témoigne de son ampleur de vue sur les questions historiques qu’il aborde.

L’autre grand thème, l’Afrique du Nord, sera traité avec un éclat particulier dans son ouvrage sur les cités du Bas-Empire, dont les deux tomes sont parus en 1979 et 1981. Cette thèse, au sens premier du terme, a révolutionné le champ des études tardo-antiques, en démontrant, à l’encontre des idées reçues, que les communautés civiques africaines du ive siècle de notre ère, loin de sombrer dans la décadence, connurent alors un véritable apogée. Dans cet ouvrage, l’auteur montre toute l’étendue de son talent en faisant converger deux domaines du champ historique traditionnellement opposés, l’histoire du christianisme, que lui avait fait connaître son maître Henri-Irénée Marrou, et l’histoire des institutions, que lui avait enseignée son directeur de thèse William Seston. En exploitant les sources patristiques comme s’il s’agissait d’inscriptions et non de textes sacrés, Claude Lepelley a moissonné une foule de témoignages et de realiaqui, confrontés au reste de la documentation, ont renouvelé notre connaissance du monde romain tardif. L’auteur a développé notamment des notions originales comme celle de « civilisation municipale » pour désigner les phénomènes culturels et idéologiques attachés à la vie des communautés locales, ou encore a démontré que dans le conflit qui opposait païens sur la défensive et chrétiens triomphants, la cité romaine demeura durant longtemps un terrain neutre, un véritable « lieu des valeurs communes ».

En plus d’être un savant hors pair, Claude Lepelley a marqué de sa personnalité la direction de plusieurs institutions, au premier chef le prestigieux Institut d’études augustiniennes. Ses grandes qualités pédagogiques, exprimées dans deux ouvrages de synthèse parus en 1969 et en 1998 ont profité à plusieurs générations d’étudiants.

Comme l’a écrit l’historien Hervé Inglebert, s’il ne fallait retenir qu’une seule idée de l’œuvre de Claude Lepelley, c’est bien celle selon laquelle « la grandeur historique de Rome n’était pas tant d’avoir conquis un empire que d’avoir[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire, maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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