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LOUIS-COMBET CLAUDE (1932- )

« L'écriture comme exercice et accomplissement de la vie intérieure », écrit Claude Louis-Combet. Son œuvre, empreinte de mysticité et de religiosité, semble être la parfaite illustration de cet aphorisme. Elle se développe selon deux axes : une réflexion sur l'écriture comme « Passion », au sens christique du mot, et une approche de la spiritualité à travers des thèmes traités de manière romanesque ; parmi eux, la maternité, la sainteté, le langage.

Né en 1932 à Lyon, Claude Louis-Combet entre en 1950 en religion chez les pères du Saint-Esprit. Il rompt en 1953 avec la vie religieuse et entame des études de philosophie à la faculté des lettres de Lyon, où il suit les cours d’Henri Maldiney. À partir de 1958, il enseigne la philosophie avant de devenir jusqu’en 1992 directeur d’un centre de formation d’instituteurs spécialisés pour les classes d’enfants en difficulté. En 1970 paraît son premier roman, Infernaux paluds. Il connaît un premier succès d'estime avec son troisième récit, Tsé-Tsé (1972). Anaïs Nin – dont Claude Louis-Combet traduisit par ailleurs La Maison de l'inceste[--  – lui écrira : « Ce n'est pas un livre à lire, c'est une vie nouvelle à vivre. » Après avoir exploré dans ce livre le rapport tant charnel que moral qu'entretiennent la mère et le fils, Claude Louis-Combet sonde dans --]Voyage au centre de la ville (1974) l'abîme de l'inconscient et des phantasmes enfantins. Il s'attachera par la suite à décrire des figures mythiques (Augias, 1993) ou éminemment symboliques d'un point de vue religieux, que ce soient celle de la femme-moine (Marinus et Marina, 1979), de la mère spirituelle (Mère des croyants, 1983), de la vierge martyre (Beatabeata, 1985), ou encore celle d'une fée légendaire (Le Roman de Mélusine, 1986).

Le sens du sacrifice, de la perte et du péché, très présent dans l'œuvre de Claude Louis-Combet, n'est pas sans rappeler les œuvres de Georges Bataille ou de Pierre Klossowski, eux aussi hantés par un « mysticisme sans Dieu », suspendus à une « vocation » religieuse qui, ne s'étant pas fait entendre assez fort, s'est en quelque sorte transmuée en « littérature ». Les écrivains seraient-ils de faux prêtres – des « prédicateurs de mort » pour reprendre le mot de Nietzsche – qui louent le renoncement à la vie et l'enfermement dans l'écriture ? L'expérience, si l'on peut dire, que relatent les romans et récits de Claude Louis-Combet ne se réduit pas à pareil adage car elle n'est pas uniquement d'ordre spirituel : c'est une histoire de chair et de terre, aussi, de sang et de peau, une expérience de nudité et de paroxysme – dans le plaisir et la souffrance – qui fut sans doute celle des saintes – réelles ou mythiques – dont Claude Louis-Combet aime à raconter la vie. Cette « expérience intérieure » extrême trouve un écho ou une expression dans l'écriture vécue comme exigence et « appel » ; c'est ce que Claude Louis-Combet a longuement et superbement analysé dans ses essais (L'Enfance du verbe, 1976 ; Du sens de l'absence, 1985 ; Le Péché d'écriture, 1990 ; L’Homme du texte, 2002) et dans son autobiographie (Le Recours au mythe, 1998) rédigés dans la même langue que les romans, à la fois savante et sensuelle, audacieuse et classique.

Parallèlement à son œuvre, Claude Louis-Combet conduit une activité éditoriale à travers la collection Atopia, chez Jérôme Millon, qui publie des textes sur l’expérience religieuse et mystique.

— François POIRIÉ

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