VILLARS CLAUDE LOUIS HECTOR duc de (1653-1734) maréchal de France
« À la guerre, tout dépend d'imposer à son ennemi et, dès qu'on a gagné ce point, de ne lui plus donner le temps de reprendre du cœur. » Cette maxime de Villars peint bien les qualités foncières de l'homme de guerre qu'il fut : esprit d'entreprise et ardeur, à quoi il faut ajouter la faculté de ne se point décourager et une jeunesse de caractère conservée intacte dans la plus extrême vieillesse.
Sa carrière ne prend un tournant exceptionnel qu'à partir de la guerre de Succession d'Espagne. Il a cinquante ans. Le roi se proposait, profitant de l'alliance bavaroise, de prendre une offensive énergique en Allemagne pour imposer dans Vienne même la paix à l'Autriche. Villars est nommé, pour remplacer Catinat jugé trop timoré, au commandement de l'armée chargée de cette mission.
Forçant les passages du Rhin, Villars bat Louis de Bade à Friedlingen (1702). Ses soldats l'acclament maréchal de France sur le champ de bataille, ce que ratifie aussitôt Louis XIV (18 oct. 1702). Encore vainqueur à Höchstädt en 1703, mais en totale mésentente avec l'Électeur de Bavière, Villars obtient d'être rappelé en France.
C'est alors qu'il est envoyé dans les Cévennes pour mettre fin à l'insurrection des camisards. Villars bénéficie d'une chance insolente : son prédécesseur, Montrevel, qui allait d'échec en échec, obtient, dans les derniers jours de son commandement, un succès éclatant sur les troupes de Cavalier qui sont cernées. Si Cavalier s'échappe, ses troupes sont disloquées et tous ses dépôts saisis. La situation du chef camisard est telle que Villars se fait entendre aisément quand il promet la clémence du roi et prend sur lui de satisfaire les « justes demandes » des rebelles. Sa politique apaise une partie de la population. Contre ceux qui, comme Roland, refusent de se soumettre, Villars reprend vigoureusement les opérations. Quand il repart aux frontières, la situation des Cévennes est nettement améliorée.
Pendant les années les plus critiques du règne de Louis XIV, Villars est le dernier rempart opposé à l'invasion. Avec une armée en haillons et mal nourrie, mais galvanisée, Villars, secondé par Boufflers, livre la bataille de Malplaquet contre Marlborough. S'il succombe sous le nombre et si lui-même est blessé, il inflige de telles pertes à l'adversaire que Boufflers peut diriger une retraite parfaitement ordonnée et telle qu'aucune poursuite n'est tentée (1709).
Trois ans plus tard, nouvelle menace : le prince Eugène assiège Landrecies avant de marcher sur Paris, dont aucune place forte ne le sépare plus. Villars reçoit le commandement de la dernière armée française et, profitant de la trop grande dispersion des forces d'Eugène, il attaque vigoureusement à Denain l'aile droite ennemie et la détruit complètement (24 juill. 1712). Cette victoire devait hâter la conclusion des traités d'Utrecht. De nombreuses controverses ont éclaté sur la paternité de la manœuvre de Denain, attribuée à tel ou tel lieutenant de Villars. Celui-ci aurait pu déclarer comme Joffre après la Marne : « Je ne sais pas qui a gagné la bataille, mais je sais bien qui l'aurait perdue. »
Villars meurt à quatre-vingt-un ans à Turin, alors qu'il venait encore de recevoir le commandement de l'armée d'Italie, pendant la guerre de Succession de Pologne.
Célèbre aussi par sa vantardise et quelques campagnes « financières », Villars avait su obtenir à la fois l'estime de son roi, qui le couvrit de donations (dont Vaux-le-Vicomte), et celle de ses soldats, qui appréciaient sa gaieté et sa hardiesse sur le terrain.
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Écrit par
- Jean DELMAS : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre
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Média
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