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MELLAN CLAUDE (1598-1688)

Originaire d'Abbeville (Somme), patrie de nombreux graveurs de talent, Claude Mellan vit le jour en mai 1598. Son père et homonyme et un de ses frères, Philippe, étaient chaudronniers et planeurs de cuivre. Ce milieu professionnel fut probablement à l'origine de sa vocation. On ignore toutefois quels furent ses maîtres dans l'art de la taille-douce fort peu développée en France au début du xviie siècle. Le Parisien Léonard Gaultier est le seul artiste auquel on pense généralement. Mais rien n'exclut que Mellan ait été autodidacte, et ses premiers travaux se ressentent autant de l'art un peu étriqué des Flamands que de la manière de Gaultier. Bien qu'il fût ouvert aux nouveautés, s'inspirant de Callot et de gravures italiennes, il aurait quelque peu végété s'il n'avait fait en 1623 la connaissance de Claude Fabri de Peiresc. Le célèbre érudit aixois, chargé de l'édition de l'Argenis de John Barclay, fit appel à Mellan pour graver le portrait de l'auteur d'après Dumonstier et les illustrations d'après le Strasbourgeois Brentel. Bien que les travaux fournis par Mellan fussent médiocres, la sympathie naquit entre les deux hommes, et il est hors de doute que ce fut Peiresc qui poussa Mellan au voyage en Italie, avec des lettres de recommandation et, peut-être, des subsides.

À peine Mellan eut-il posé le pied à Rome au printemps de 1624 que son art changea du tout au tout. Le milieu dans lequel il plongeait était animé, coloré, stimulant, qu'il s'agît des intellectuels au libertinage plus ou moins érudit ou des artistes peintres et graveurs venus de tous les horizons. Il ne réussit pas à travailler avec Villamena, mort dès juin 1624, mais il est évident qu'il étudia ses œuvres, de même que celles de Cornelis Cort et de Gillis Sadeler surtout, les meilleurs burinistes, avec Goltzius, de la charnière des xvie et xviie siècles. Les ouvrages que Mellan exécuta d'après Antonio Circignani da Pomerancio manifestèrent des progrès certains, mais son art se haussa au-dessus du commun à la suite de deux rencontres capitales : Simon Vouet et Bernin. Il étudia avec Simon Vouet, alors prince de l'Académie de Saint-Luc, le dessin et la composition, et ses interprétations des tableaux du maître connurent un grand succès, certaines d'entre elles étant immédiatement copiées par des graveurs français tout heureux d'avoir enfin trouvé un modèle à suivre. Mellan progressa si vite que, dès 1627 (Vouet vient de rentrer en France), il donnait au public romain sa grande estampe du Saint Pierre Nolasque commandé par l'ordre de la Merci à l'occasion du procès en canonisation de son fondateur. Le succès de cette composition, audacieuse, originale et lumineuse, fut considérable. Ce fut à partir de 1629 et notamment de la belle estampe du Saint Jean-Baptiste au désert que Mellan commença à développer cette technique de la taille unique — c'est-à-dire sans entrecroisement de hachures — qui fit son renom. Il fut aidé dans cette recherche par les travaux qu'il exécuta d'après Gian Lorenzo Bernini, dont les compositions marquées par le bizarre et l'éclat de la blancheur des marbres eurent sur Mellan une influence durable. En même temps, il était appelé à graver pour le marquis Giustiniani certaines pièces de sa collection d'antiques. Ce fut ce concours de circonstances et de recherches qui, en quelques années décisives, forma l'art de Mellan.

Il quitta l'Italie en 1636 après avoir, entre autres nouveaux travaux, gravé le portrait du cardinal Alphonse de Richelieu, à qui il dédia plus tard un Saint Bruno de belle facture. Retenu pendant un an par Peiresc à Aix-en-Provence, Mellan réalisa une première en gravant trois vues des phases de la Lune observée sous la direction du philosophe Gassendi à travers un télescope fourni[...]

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur en chef à la Bibliothèque nationale

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