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PICHOIS CLAUDE (1925-2004)

Né le 21 juillet à Paris, Claude Pichois fut élève de H.E.C. avant de se tourner vers l'histoire littéraire. Monument d'érudition, sa thèse principale, Philarète Chasles et la vie littéraire au temps du romantisme(1965), que prolongeait sa thèse complémentaire, L'Image de Jean-Paul Richter dans les lettres françaises, publiée dès 1963, aurait suffi à lui assurer une carrière de pur comparatiste. Celle-ci fut en réalité relativement tardive et volontairement brève. Succédant à Etiemble dans la chaire qui, de l'ancienne Sorbonne, était passée à la Sorbonne nouvelle, il y connut quelques déceptions. Pourtant, en quelques années, il avait, comme son prédécesseur, honoré cette chaire de son prestige, de son talent et de son érudition sans égale. À une discipline qui reste mal connue et mal aimée, il avait donné un manuel, rédigé avec Pierre Brunel et André-Michel Rousseau (La Littérature comparée, 1967), mis à jour et complété en 1983 avec un titre nouveau : Qu'est-ce que la littérature comparée ? Et il pratiquait un comparatisme vivant : avant de rejoindre la Sorbonne, il avait été professeur ordinaire à la faculté de philosophie et d'histoire de l'université de Bâle, et il resta fidèle à la Vanderbilt University, à Nashville, où il fut également directeur du W. T. Bandy Center for Baudelaire Studies.

Depuis longtemps, en effet, une passion intellectuelle l'habitait : l'œuvre de Charles Baudelaire. Prenant appui sur les travaux considérables de ses grands devanciers, Eugène et Jacques Crépet, Jean Pommier, Georges Blin, continuant leur œuvre ou collaborant avec eux, il sut porter à son point de perfection l'édition des Fleurs du Mal (1968), fournir à la Bibliothèque de la Pléiade une nouvelle édition des Œuvres complètes (1975 et 1976) en deux volumes, très supérieure à la précédente, réunir la Correspondance, d'abord pour les éditions Conard, puis pour la Pléiade (deux volumes, 1973, en collaboration avec Jean Ziegler).

Cette passion a occupé Claude Pichois jusqu'à son dernier jour : en témoignent, réalisés avec Jean-Paul Avice, le Dictionnaire Baudelaire (2002) et Passion Baudelaire (2004), reflet de l'exposition Baudelaire/Paris qui se tint en 1993 à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Entre-temps la biographie écrite avec Jean Ziegler, Charles Baudelaire (1987 ; édition augmentée, 1996), permettait à un large public de découvrir, non un portrait figé, mais comme son auteur l'avait voulu, plusieurs portraits : le collégien aux prises avec ses maîtres, le dandy qui s'intéresse à Lola Montès, le poète en proie aux incessantes difficultés d'argent, l'exilé volontaire de Bruxelles.

Était-ce à cause de sa formation initiale ? Toujours est-il que Claude Pichois fut, dans le domaine des études littéraires, l'homme des grandes entreprises. Celui qui embrasse son immense bibliographie constate que le chantier Baudelaire a duré de 1952 à 2004.

Deux autres projets allaient venir et enrichir la Bibliothèque de la Pléiade : d'abord, la nouvelle édition en trois volumes des Œuvres complètes de Gérard de Nerval, dont, avec Jean Guillaume, Claude Pichois a été le maître d'œuvre (1984, 1989, 1993). Commençant par le Voyage en Orient, défiant à l'égard des occultismes trompeurs, il contribuait à présenter un Nerval infiniment sensible et ouvert. Plus inattendue de sa part fut l'édition, avec Alain Brunet et divers collaborateurs, des Œuvres complètes de Colette (1984, 1986, 1991, 2001), complétée là encore par une excellente biographie (1999).

— Pierre BRUNEL

Bibliographie

S. Patty, Du romantisme au surnaturalisme. Hommage à Claude Pichois, La Baconnière, Neuchâtel, 1985

Revue d'histoire littéraire de la France, numéro spécial consacré à Claude Pichois, 2005.

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Écrit par

  • : professeur émérite de littérature comparée à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Classification

Autres références

  • DICTIONNAIRE BAUDELAIRE (C. Pichois et J.-P. Avice)

    • Écrit par
    • 1 028 mots

    Le nom de Claude Pichois est inséparable de ceux de Baudelaire, Nerval et Colette, auxquels il a consacré des éditions et des biographies qui font date. Avec ce Dictionnaire Baudelaire (Du Lérot, 2003), cosigné par Jean-Paul Avice, conservateur à la bibliothèque historique de la Ville de Paris, avec...