PTOLÉMÉE CLAUDE (90 env.-env. 168)
Le nom de Ptolémée n'est guère connu aujourd'hui qu'en tant qu'il désigne un système : le système astronomique qui plaçait la Terre immobile au centre du monde et dont la mise en question, de Copernic à Newton, a commandé la révolution scientifique. Ce fut pourtant le nom d'une œuvre considérable, dont l'Almageste et ses élaborations astronomiques ne sont qu'une part. Œuvre très étendue – bien différente de l'image caricaturale qui eut longtemps cours –, sorte d'encyclopédie des connaissances d'une époque et qui s'est enrichie avec le temps au point de rendre difficile l'appréciation de son état originel. Œuvre sans cesse recopiée au cours des siècles, passant du grec à l'arabe et au latin, transmise à travers tout le bassin méditerranéen et dominant le Moyen Âge occidental après avoir conquis l'Islām.
Les qualités de l'œuvre – qui firent son succès – attestent l'existence de l'écrivain Ptolémée. Mais l'histoire ne sait de lui que le dernier éclat qu'il donna à l'école d' Alexandrie au milieu du iie siècle de l'ère chrétienne. Sans doute fut-il davantage mathématicien qu'astronome, plus polygraphe que savant. Mais il sut transmettre et perfectionner, et en définitive constituer, des rassemblements de données numériques, qui furent très longtemps utiles pour l'astronomie, la physique, l'histoire et la géographie, et qui restent, malgré tout, des références. Loué avec excès jusqu'au Moyen Âge, Ptolémée a été méprisé avec exagération depuis le xviie siècle. Kepler et l'astronomie nouvelle, par exemple, lui doivent davantage que de simples motifs de contradiction.
L'« Almageste »
Le principal traité de Ptolémée portait dans sa version grecque originale le titre modeste de Syntaxe mathématique ; son succès en a fait la « Grande Composition », puis simplement, en arabe, la « Très Grande », Almagesti.
La dernière observation astronomique consignée dans ce livre pouvant être datée du 22 mars 141, on possède une donnée sûre pour situer l'activité de l'auteur au milieu du iie siècle. Ptolémée naquit probablement vers 110, peut-être en Thébaïde, à Ptolemaïs d'Hermias, mais certainement pas à Peluse comme on l'a cru longtemps. La tradition de ses disciples atteste son rôle à Alexandrie et ses ouvrages postérieurs à l'Almageste supposent qu'il vécut au moins jusqu'en 160.
Syntaxe, ou Composition, est bien le titre qui convient à l'Almageste. À côté des exposés concernant le catalogue des étoiles et les mouvements des astres (Soleil, Lune, planètes), il contient un traité complet de trigonométrie plane et sphérique, puis la description des instruments nécessaires à un grand observatoire : armilles, quarts de cercles mobiles, équatoriaux, astrolabes, globes célestes à pôles mobiles, dioptres pour l'observation des diamètres apparents. Ce rassemblement, unique en son genre dans l'Antiquité, explique déjà pour beaucoup le renom de l'ouvrage. Mais ce renom tient surtout à la manière dont l'auteur met en œuvre les résultats de ses prédécesseurs, particulièrement ceux de l'astronome Hipparque, qu'il cite maintes fois. Car s'il emprunte manifestement à ce dernier la découverte de l'excentricité des trajectoires apparentes du Soleil et de la Lune par rapport à la Terre et l'idée de composer ces trajectoires à l'aide de deux mouvements circulaires (l'un, le déférent, pour l'astre moyen ; l'autre, l'épicycle, autour de l'astre moyen), il complète et perfectionne. Suffisamment pour dresser du mouvement de la Lune des tables plus exactes et déterminer à l'avance avec plus de certitude les époques des éclipses et leurs caractéristiques.[...]
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Écrit par
- Pierre COSTABEL : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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