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SANTELLI CLAUDE (1923-2001)

Auteur et réalisateur, Claude Santelli a consacré sa vie à la télévision française dont il a marqué l'histoire. Né à Metz en 1923, de souche corse, il est le fils de César Santelli, inspecteur général de l'instruction publique. Licencié ès lettres, il enseigne à l'Alliance française, mais sa vocation est le théâtre. Il rejoint la jeune compagnie Jacques Fabbri pour laquelle il écrit Le Fantôme, d'après Plaute et La Famille Arlequin. En 1956, il entre à la Radio-Télévision française comme auteur, au Service de la jeunesse, où il adapte, sous forme de feuilleton, Le Tour de France de deux enfants (1957). Il créé et dirige ensuite la série « Livre mon ami » (1958-1965), puis la collection du Théâtre de la jeunesse qui réunit les adaptations de grandes œuvres de la littérature romanesque, dialoguées et structurées pour une représentation théâtrale. Il adapte Jules Verne (L'Île mystérieuse, 1963 ; Le Secret de Wilhelm Storitz, 1967), Charles Dickens (David Copperfield, 1965), Herman Melville (Le Matelot de nulle part, 1964), etc. Cantonné jusque-là dans le statut d'auteur-producteur, il accède enfin à la réalisation avec Sarn (1968). Il met ensuite à l'écran, avec Françoise Verny, un nouveau type d'émission littéraire, Les Cent livres des hommes (1969-1973) qui donne, à partir de deux ou trois scènes jouées, de documents et de témoignages, le „parfum“ d'un livre, afin d'en faciliter l'approche.

Claude Santelli connaît sa plus grande réussite à l'occasion de sa „rencontre“ avec Guy de Maupassant qui accroît alors sa notoriété, déjà tout à fait exceptionnelle pour un homme de télévision. De1972 à 1975, il adapte et réalise plusieurs contes principalement axés sur la condition féminine : Histoire vraie, Histoire d'une fille de ferme, Le Port, Madame Baptiste et Le Père Amable. Quinze ans plus tard, il dirige L'Ami Maupassant, une nouvelle série de six téléfilms dont il réalise lui-même trois titres, sur le thème de l'enfance cette fois, L'Enfant, Berthe et La Petite Roque. Sur un scénario tressé, comme il a coutume de le faire, à partir de plusieurs contes croisés, il revient une dernière fois à Maupassant avec Mademoiselle Fifi (1989), sur le thème de la guerre. Claude Santelli a encore réalisé Le Chandelier d'après Musset (1977) ; Le Neveu de Rameau (1980) d'après Diderot ; La Comète (1996) sur l'époque des „Lumières“, etc.

Son œuvre documentaire est importante et originale. Il propose des essais et des rétrospectives historiques comme la série André Malraux, la légende du siècle (avec Françoise Verny) ; Charles le seul (1975) ; La République nous enseigne (1981) ; 1936 ou la mémoire d'un peuple ; L'An quarante (1983) ; L'Année terrible (évocation de la Commune de Paris, 1985). Autant d'œuvres pour lesquelles Claude Santelli n'hésite pas à mélanger les genres en insérant par exemple des séquences de fiction. Il excelle dans le portrait et consacre plusieurs films au pianiste Samson François (dont en 1967, Portrait d'un pianiste), d'autres à Marguerite Long, Isaac Stern, Yehudi Menuhin. Il s'attache aussi au travail d'un artisan, Étienne Vatelot (Le Luthier), ou à un „pays“ (Pays de Caux, pays de quoi ?, 1987), et réalise, pour la série « Un siècle d'écrivains », Jean Giono (1995) et Jean Anouilh (1999).

Ayant fait de la télévision un champ de découvertes et de recherches, Claude Santelli, inventeur de genres télévisuels, développe une écriture particulière, caractérisée par une caméra vivante, s'accordant par le mouvement et une large utilisation du plan-séquence, à la continuité de l'action. Artiste et pédagogue, passeur de connaissances et de culture, militant opiniâtre d'une télévision à la fois exigeante et populaire, il restera la figure emblématique[...]

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Écrit par

  • : rédacteur en chef de la revue Télévision française, La Saison

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