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COLBERT CLAUDETTE (1903-1996)

Durant trois décennies, Claudette Colbert aura incarné le type même de la femme déterminée et indépendante, aussi rompue aux échanges verbaux de la screwball comedy (comédie loufoque) qu'aux embûches d'implacables mélos qu'elle surmontait toujours avec une rare élégance.

D'origine française, elle s'établit très jeune à New York avec sa famille. Elle fait ses premiers pas dans le monde du théâtre (créant notamment une pièce d'Eugene O'Neill) avant d'être remarquée par Frank Capra (Pour l'amour de Mike, 1927) et d'entamer une carrière cinématographique à l'avènement du parlant. Elle se distingue notamment au côté de Maurice Chevalier dans Le Lieutenant souriant (1931), comédie d'Ernst Lubitsch, puis accède à l'univers du péplum avec Le Signe de la croix (1932) de Cecil B. De Mille et Cléopâtre (1934), du même réalisateur, où elle se prête avec charme et humour au rituel du bain au lait d'ânesse.

La même année, elle atteint la consécration avec New York-Miami de Frank Capra, qui reçoit de multiples récompenses. Dans une scène d'anthologie, en impeccable milliardaire fitzgéraldienne qui aurait hérité de la fantaisie de Betty Boop, elle initie Clark Gable aux joies de l'auto-stop. Elle obtient alors l'oscar de la meilleure actrice, et alterne des rôles de femmes élégantes et de fausses mondaines projetées dans un univers de « téléphones blancs ». Grâce à une ingéniosité sans faille, on la voit victorieuse de la guerre des sexes à l'américaine dans trois modèles du genre – Mon Mari le patron (Gregory La Cava, 1935), La Baronne de minuit (Mitchell Leisen, 1939) et surtout La Huitième Femme de Barbe-Bleue (1938), au côté de Gary Cooper, où elle est à nouveau dirigée par Lubitsch.

En femme courageuse devant l'adversité, Claudette Colbert subvient aux besoins d'une famille monoparentale dans la première version de Mirage de la vie (1934), interprète le rôle d'une épouse de pionnier dans Sur la piste des Mohawks (John Ford, 1939), avant de faire face au conflit mondial avec la même détermination dans la décennie suivante : tour à tour exemplaire infirmière combattant dans le Pacifique dans Les Anges de miséricorde (Mark Sandrich, 1943) et femme d'un soldat parti au front dans Depuis ton départ (John Cromwell, 1944).

Elle n'abandonne pas la comédie pour autant : citons notamment Madame et ses flirts (1942), où elle montre une complicité hors pair avec le réalisateur Preston Sturges, et, dans un registre mineur, L'Œuf et moi (Chester Erskine, 1947), adaptation d'un best-seller de l'époque.

À l'aube des années 1950, un rôle résume sa carrière : dans Captive à Bornéo (Jean Negulesco, 1950), elle est une femme de prisonnier incarcéré dans un camp japonais, qui met tout en œuvre pour retrouver son mari. En 1954, elle joue en France dans Destinées de Marcello Pagliero et Si Versailles m'était conté, où Sacha Guitry lui demande d'incarner Mme de Montespan.

Pour des raisons de santé, elle ne peut interpréter le rôle de Margo Channing dans All about Eve de Joseph Mankiewicz. Elle se tourne alors vers le théâtre, retrouvant des compatriotes (Charles Boyer et Jean-Pierre Aumont), ou encore, dans les années 1980, Rex Harrison sur les scène londoniennes.

— André-Charles COHEN

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