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ARRAU CLAUDIO (1903-1991)

Claudio Arrau - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Claudio Arrau

Un des derniers représentants de la tradition lisztienne, le pianiste américain d'origine chilienne Claudio Arrau naît à Chillán, au Chili, le 6 février 1903 ; sa mère lui donne les bases de sa formation musicale avant de le confier à un professeur du nom de Paoli. Dès l'âge de cinq ans, il commence une carrière d'enfant prodige avec un récital à Santiago. En 1913, le gouvernement chilien lui octroie une bourse pour aller poursuivre ses études en Allemagne. Pendant cinq ans, il est l'élève de l'un des derniers disciples de Franz Liszt, Martin Krause, dont il devient l'héritier spirituel. Il joue au Gewandhaus de Leipzig sous la direction d'Arthur Nikisch. En 1918, la mort de son maître le laisse orphelin : il travaille sans professeur et remporte à deux reprises (en 1919 et en 1920) le prix Franz Liszt. De retour au Chili, en 1921, il commence une importante carrière en Amérique du Sud. Il donne son premier concert à Londres en 1922 et débute aux États-Unis en 1924 ; mais c'est un échec. Entre 1925 et 1940, il vit à Berlin, où il enseigne au conservatoire Stern. Il enregistre ses premiers disques en 1926 et remporte, un an plus tard, le premier prix au concours international de Genève. Parmi les membres du jury figurent Alfred Cortot et Arthur Rubinstein ! Il donne son premier concert avec l'Orchestre philharmonique de Berlin en 1928 ; cinquante ans plus tard, ce même orchestre lui décernera la médaille Hans von Bülow pour commémorer un demi-siècle de collaboration. En 1929 et 1930, il effectue deux importantes tournées en U.R.S.S. Son esprit encyclopédique l'incite à présenter, en douze concerts, l'œuvre pour clavier de Bach à Berlin (1935-1936). Il récidive avec Mozart en 1936 avant d'aborder Schubert l'année suivante et Beethoven, dont il donne sa première intégrale des sonates et des concertos à Mexico en 1938. En 1941, les événements le mènent à se fixer à New York. Mais celui qui a conquis l'Allemagne par son intransigeance artistique ne parviendra pas à s'adapter au goût du public américain, trop friand de virtuosité et de cabotinage. Jamais Arrau ne cherchera à plaire au public. À la fin des hostilités, il reprend ses tournées dans le monde entier : Australie, Afrique du Sud, Europe, Japon. Lorsque le général Pinochet s'empare du pouvoir au Chili, il renonce à sa nationalité et choisit de devenir citoyen américain : il sera naturalisé en 1979. Après une absence de dix-sept ans, il retourne en 1984 dans son pays natal, où on fait de lui un héros : il reçoit le prix national chilien des Arts, et une rue de sa ville natale porte son nom. Rien ne semble pouvoir interrompre cette carrière de légende que mène ce jeune octogénaire, mais la mort de l'un de ses fils puis celle de sa femme le frappent de plein fouet : il cesse de jouer pendant quelque temps. Il s'apprêtait à reprendre le chemin de la scène lorsqu'il meurt subitement en Autriche, à Mürzzuschlag, le 9 juin 1991.

Le répertoire de Claudio Arrau était considérable. Outre les grands classiques et romantiques, qu'il affectionnait particulièrement, il a donné des centaines de récitals de lieder avec sa femme, la cantatrice Ruth Schneider. Il a défendu la musique de Ferruccio Busoni, Eugen d'Albert ou Erich Korngold ; il a créé ou imposé des œuvres de Carlos Chávez, Juan Vicente Lecuna, Juan José Castro et a été un des premiers pianistes non français à faire figurer Debussy à son répertoire. Mais on retiendra surtout l'image du beethovénien : il a enregistré à trois reprises l'œuvre pour piano du maître de Bonn, la deuxième fois entre 1962 et 1965, la troisième à plus de quatre-vingts ans. Il a également réalisé une nouvelle édition des sonates (publiée chez Peters à partir de 1973). Son style précis, sa sobriété, son sens de la construction, la[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Média

Claudio Arrau - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

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