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VILLAS-BÔAS CLÁUDIO (1916-1998)

Au côté de son frère Orlando, Cláudio Villas-Bôas, décédé à São Paulo le 1er mars 1998, a été l'un des principaux inspirateurs du changement qui, dans la politique du Brésil à l'égard des Indiens, a choisi comme objectif la survie des peuples et des cultures indigènes, en rupture avec un passé caractérisé par la promotion de l'assimilation et de la « nationalisation » de ces communautés.

Il est difficile de dissocier les actions et accomplissements de Cláudio Villas-Bôas de ceux de ses frères. Leurs vies et leurs combats ont été tellement entremêlés que l'on se réfère presque toujours aux « frères Villas-Bôas » comme à une sorte d'identité collective. C'est déjà là une marque d'originalité dans le destin de cette famille, qui comptait onze enfants et dont quatre allaient consacrer leur existence à la cause des peuples indiens : Orlando, Cláudio, Leonardo (décédé en 1961) et Alvaro (décédé en 1996).

En effet, rien ne prédisposait une famille typique de la classe moyenne de Botucatu, dans l'État de São Paulo, l'un des plus industrialisés et urbanisés du Brésil – où les Indiens survivants sont plutôt rares –, à cette vocation peu commune. Au-delà du manque de contact direct avec le monde indigène, les Villas-Bôas ne partageaient nullement les motivations habituelles des gens qui s'intéressaient aux Indiens. Ils n'étaient ni religieux, comme les missionnaires du passé et du présent, ni militaires, comme le général Candido Rondon, le directeur du Service de protection des Indiens, ni anthropologues ou ethnologues à la recherche d'un sujet de thèse ou d'un objet d'étude.

Il s'agissait simplement de jeunes gens attirés, vers le milieu des années 1940, par l'aventure de l'expédition Roncador-Xingu, lancée en 1943 par le gouvernement Vargas pour la conquête et à la colonisation du vaste hinterland vide du pays, objectif final de la « marche vers l'Ouest ». Cette exploration d'un territoire alors presque vierge et inconnu allait durer plusieurs années et conduire à la création de la Fondation Brésil central. De cette entreprise de colonisation sont nés trente-quatre villes, des centaines de villages et quatre aéroports de l'armée de l'air brésilienne.

À cette rude école pratique, les frères Villas-Bôas étaient devenus de compétents sertanistas, profession particulière au Brésil dont le nom pourrait se traduire approximativement par « indigéniste ». En cette qualité, ils ont voué leurs efforts à la protection des Indiens et à la défense de leurs droits. Ils ont dû parfois promouvoir le contact organisé avec des tribus qui n'avaient jamais vu un non-Indien auparavant. Ils l'ont fait, malgré leur conviction qu'il aurait mieux valu laisser les Indiens en paix, dans leur environnent et leur culture.

Le grand succès des frères Villas-Bôas a sans doute été la création en 1961, par le président Quadros, après une âpre bataille, du Parc national du Xingu, expérience unique de délimitation et de préservation d'une vaste région où cohabitent en harmonie de nombreuses nations indigènes appartenant à des cultures différentes : Tupí, Gê, Arawak et Karib. Même aujourd'hui, après la création, par la Constitution de 1988, de plus de cinq cents réserves dont la moitié à peine ont eu leurs territoires délimités, le parc du Xingu demeure l'expérience brésilienne la plus remarquable réalisée sur le terrain. Cela ne veut pas dire que ce parc échappe, au contraire des autres, à une existence précaire sous la pression constante et la menace des grandes propriétés qui empiètent sur son territoire.

Les Villas-Bôas n'étaient pas des théoriciens mais des hommes d'action. Cláudio et Orlando ont cependant publié treize livres documentaires dont les plus connus sont [...]

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